Année après année, le monde ne parvient toujours pas à infléchir la courbe des émissions de CO2 d’origine fossile. Ces rejets liés à la combustion de charbon, de pétrole et de gaz devraient de nouveau atteindre un niveau record en 2024, après une hausse de 0,8 % par rapport à 2023, selon le dernier bilan du Global Carbon Project, un consortium de plus de cent scientifiques issus de 80 laboratoires internationaux travaillant sur le cycle du carbone. Leurs résultats, publiés dans la revue Earth System Science Data, mercredi 13 novembre, constituent une nouvelle alerte pour les dirigeants réunis à la conférence mondiale sur le climat (COP29) de Bakou, en Azerbaïdjan.
A ce rythme, il y a désormais une chance sur deux de dépasser d’ici à six ans, de manière durable, 1,5 °C de réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle, l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. Ce seuil devrait d’ores et déjà être franchi en 2024, mais la limite du traité international est entendue sur une longue période et non pas sur une seule année. « Je pense qu’il est désormais totalement irréaliste de penser pouvoir limiter le réchauffement à 1,5 °C, avance Philippe Ciais, directeur de recherche au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, et l’un des auteurs de l’étude. L’étau se resserre même pour ne pas dépasser 2 °C. »
Le pic tant attendu des émissions est-il toutefois à portée de main ? Certains scientifiques gardent une lueur d’espoir. « J’ai l’impression qu’il est imminent. Il y a de nombreux signes de progrès au niveau national », juge Glen Peters, climatologue au Centre de recherche internationale sur le climat et l’environnement, basé à Oslo, également auteur de l’étude. Dans son rapport annuel publié le 14 octobre, l’Agence internationale de l’énergie allait dans le même sens. « Les émissions décélèrent mais il reste difficile de dire quand leur croissance pourra être à zéro avant, surtout, de diminuer », estime, de son côté, Philippe Ciais.
Globalement, les émissions mondiales de CO2, principal gaz à effet de serre et première cause du dérèglement climatique, devraient atteindre 41,6 milliards de tonnes en 2024, en hausse de 2,5 % par rapport à 2023 – selon des extrapolations, puisque l’année n’est pas achevée.
La majeure partie provient de la combustion d’énergies fossiles, dont les rejets devraient représenter 37,4 milliards de tonnes en 2024. « Les émissions d’origine fossile augmentent quatre fois moins vite cette décennie que la précédente, c’est un progrès », indique Pierre Friedlingstein, climatologue à l’université d’Exeter, qui a dirigé l’étude.
Il vous reste 62.36% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.