Une nouvelle loi sur l’obligation du port du voile doit entrer formellement en vigueur ce vendredi en Iran.
Elle prévoit un durcissement des sanctions à l’encontre des contrevenantes.
Amnesty International a dénoncé une « loi draconienne » dans un communiqué.
C’est un texte qui suscite la polémique en Iran, deux ans après la mort de Mahsa Amini . Une nouvelle loi durcissant les sanctions à l’encontre des femmes non voilées, déjà approuvée au Parlement, doit entrer formellement en vigueur ce vendredi 13 décembre, après signature du président iranien.
Composée de 74 articles, cette loi intitulée « hijab et chasteté » prévoit des amendes pouvant représenter, en cas de récidive, jusqu’à vingt mois de salaire moyen, pour les femmes mal ou non voilées en public ou sur les réseaux sociaux, d’après les grandes lignes publiées dans la presse. Les amendes devront être payées sous dix jours, faute de quoi les contrevenantes pourront faire l’objet d’une interdiction de sortie de territoire et être privées de certains services publics, dont la délivrance d’un permis de conduire. Mais le texte très controversé prévoit aussi des interdictions de voyager, de lourdes peines de prison, de flagellation, ou de peine de mort à l’encontre des femmes qui défieraient cette nouvelle législation.
« Une nouvelle loi draconienne », dénonce Amnesty International
« Les autorités iraniennes ont adopté une nouvelle loi draconienne qui efface encore davantage les droits humains des femmes et des filles, avec pour objectif d’écraser la résistance actuelle au port obligatoire du voile », dénonce dans un communiqué daté du 10 décembre, l’organisation Amnesty International.
Depuis la Révolution islamique de 1979, les femmes en Iran ont l’obligation de dissimuler leurs cheveux dans les lieux publics. Mais de plus en plus d’entre elles apparaissent sans voile dans la rue, depuis le mouvement de contestation déclenché par la mort en détention en septembre 2022 de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, arrêtée pour infraction au strict code vestimentaire en vigueur dans le pays.
À cause de cette loi, « nous risquons de gâcher beaucoup de choses » dans la société, a lui-même estimé début décembre le président iranien, Massoud Pezeshkian, qui a pris ses fonctions en juillet et gère en Iran le gouvernement. « En tant que personne chargée de promulguer cette loi, j’ai de nombreuses réserves à son sujet », a-t-il indiqué lors d’un entretien à la télévision d’État avant d’ajouter : « Nous ne devons rien faire qui puisse mécontenter la nation ».
Massoud Pezeshkian avait promis durant sa campagne de retirer de la rue la police des mœurs, une unité chargée de surveiller le port du voile. À l’origine de l’arrestation de Mahsa Amini, cette unité a disparu des rues depuis le début des manifestations de septembre 2022, mais n’a jamais été formellement abolie par les autorités. Massoud Pezeshkian, député à l’époque, avait vivement critiqué la police pour le décès de Mahsa Amini. Ces nouvelles restrictions interviennent également quelques jours après la libération provisoire, pour raisons médicales, de Narges Mohammadi, la prix Nobel de la paix, qui toute sa vie s’est battue contre les restrictions imposées aux femmes dans son pays.