Le cycliste français Sofiane Sehili, rentré dimanche en France après cinquante jours de détention en Russie, a déclaré lundi 27 octobre qu’il n’avait pas été « très malin » d’avoir franchi illégalement la frontière sino-russe pour tenter de battre un record d’ultracyclisme. « J’ai tenté de traverser la frontière légalement, ce qui malheureusement n’a pas été possible ce jour-là. Ça aurait éventuellement été possible le lendemain, mais je n’aurais pas eu la possibilité de battre le record. Donc j’ai décidé de tenter de passer cette frontière illégalement », précise Sofiane Sehili dans un entretien à l’Agence France-Presse (AFP).
« En Chine, c’est très contrôlé, donc je n’imaginais pas que j’allais pouvoir longer la frontière jusqu’à trouver un endroit où elle allait être poreuse, mais c’est malgré tout ce qui est arrivé », après « avoir crapahuté dans la forêt pendant quatre heures », ajoute le cycliste de 44 ans.
Une fois en Russie, « pour éviter de me retrouver nez à nez avec les autorités, [j’ai dû] continuer à faire chemin dans une forêt assez épaisse pendant encore plusieurs heures, sauf que la nuit allait tomber et là je me suis dit que tout ça avait assez duré, que c’était de toute façon pas très malin d’essayer de faire ça ».
Le sportif était parti de Lisbonne au début du mois de juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, ville située à l’extrémité est de la Russie. « Un peu naïvement, je me suis dit que (…) si je me présentais aux autorités en essayant de leur faire croire que j’avais fait tout ça involontairement, j’avais encore une chance d’être renvoyé en Chine relativement rapidement », a-t-il poursuivi.
« Un contexte assez tendu » en Russie
« Le contexte en Russie étant quand même assez tendu, ça n’a pas fonctionné. Ils ont immédiatement saisi mon GPS, mon téléphone, mes caméras, ils ont tout étudié, et je me suis retrouvé finalement dans l’impossibilité de continuer à leur mentir en leur faisant croire que j’avais pas fait exprès », raconte encore Sofiane Sehili. « A partir de là, les choses ont suivi leur cours normal (…) J’ai été traité comme n’importe quelle personne qui aurait fait ce que j’ai fait », a-t-il estimé.
Le sportif ne se plaint pas de mauvais traitements : « A chaque fois que j’ai été transféré dans un centre de détention, j’ai eu une visite médicale, on s’assurait que tout allait bien, à chaque fois que j’étais entendu, tout était noté, il y avait des procès-verbaux. C’est pas un endroit où on vous prend, on vous jette dans une cellule et vous savez pas exactement ce qui se passe. »
Sofiane Sehili a été libéré le 23 octobre, après avoir été condamné à une amende pour « franchissement illégal de la frontière » dans l’Extrême-Orient russe. Il est arrivé dimanche à Paris, après avoir transité par la Thaïlande.
« C’est assez étrange dans l’expérience, puisque finalement j’ai passé deux mois en Russie et tous les gens que j’ai rencontrés étaient des criminels. Mais je pense que ça m’a quand même aidé à découvrir un peu ce qu’est le peuple russe et quelles sont les caractéristiques qui lui sont propres. Moi, globalement, j’ai quand même rencontré des gens qui étaient amicaux, qui étaient dans le partage. Quand ils se faisaient à manger, on allait s’attabler tous ensemble pour le dîner », se rappelle-t-il.
Pour autant, « j’ai eu des moments psychologiquement très difficiles », dit-il. « Le plus difficile, conclut-il, c’était l’incertitude, c’était de ne pas avoir mon sort entre mes mains, de ne pas savoir pendant plusieurs semaines si la décision finale allait être de me mettre une amende et de me laisser rentrer chez moi, ou de me mettre en prison, parce que j’encourais jusqu’à deux ans de prison. »








