Le ministre de l’économie, Roland Lescure, a fait savoir lundi 3 novembre qu’il demanderait l’interdiction d’accès de Shein en France s’il vendait à nouveau des poupées sexuelles à caractère pédopornographique, que le grand groupe asiatique spécialiste de l’e-commerce a assuré avoir retirées de sa plateforme de vente.
« Si ces comportements sont répétés, nous serons en droit, et je le demanderai, qu’on interdise l’accès de la plateforme Shein au marché français », a déclaré Roland Lescure sur BFM-TV et RMC. « Pour des actes terroristes, pour le trafic de stupéfiants et pour des objets pédopornographiques, le gouvernement est en droit de demander l’interdiction de l’accès au marché français », « si on a des comportements répétés ou si les objets en question ne sont pas retirés dans les vingt-quatre heures », a-t-il précisé. « Ces objets horribles, ils sont illégaux » et « il y aura une enquête judiciaire », a-t-il affirmé.
La répression des fraudes (DGCCRF) a annoncé samedi avoir signalé à la justice la vente de « poupées sexuelles d’apparence enfantine » après avoir constaté leur présence sur le site de Shein, qui a prévu d’ouvrir mercredi son premier magasin physique pérenne à Paris. « Je suis passé rue de Rivoli ce week-end, et j’ai vu les oriflammes de Shein tout au long de la devanture » : « C’est de la provoc », a jugé Roland Lescure.
Dimanche, la haut-commissaire à l’enfance, Sarah El Haïry avait annoncé son intention de convoquer « l’ensemble des grandes plateformes » de commerce électronique après la découverte de la vente de ces poupées sur Shein.
« Je veux comprendre qui a autorisé la vente de ces objets, quels sont les processus qui ont été mis en place, pour que cela ne se reproduise pas, [et] qui sont les fournisseurs, parce qu’il y a bien des gens qui produisent ces poupées absolument ignobles », a-t-elle dit. « Une plateforme qui accepte de commercialiser ces objets est, d’une certaine manière, complice », selon elle.
Elle a évoqué la possibilité d’une « discussion » avec Shein pour obtenir la communication des fichiers des acheteurs de ces poupées en France. « Les gens qui ont acheté ces poupées ont utilisé leur carte de crédit, ils se sont fait livrer à leur domicile ou à leur bureau », a-t-elle poursuivi.
« Des objets pédocriminels »
« Ce ne sont pas des objets pornographiques, ce sont des objets pédocriminels », a-t-elle spécifié, soulignant que détenir des objets et images pédocriminels « tombe sous le coup de la loi ». « Il est inacceptable de laisser des plateformes et des marketplaces commercialiser des objets pédocriminels », a-t-elle déclaré. « On sait que la détention d’images ou d’objets pédocriminels amène à des passages à l’acte. »
« Au-delà de Shein », d’autres plateformes « usent d’entourloupes » pour éviter les poursuites, en ne mettant « pas les descriptions des objets » qu’elles vendent, a assuré Mme El Haïry. « Ils vont mettre l’image, la photo », mais « ils ne mettent pas dans les mots-clés que c’est une poupée sexuelle ». « Ils essaient de nous faire perdre du temps » et « mettent en danger les enfants », a-t-elle estimé.
Entreprise aux racines chinoises qui a conquis le marché mondial de la mode éphémère (fast-fashion), Shein s’est implantée progressivement dans le paysage du commerce en ligne depuis son arrivée en France en 2015. Elle est régulièrement accusée de concurrence déloyale, de pollution environnementale et de conditions de travail indignes.
Suscitant un tollé, Shein a prévu d’ouvrir mercredi son tout premier magasin physique pérenne au BHV, historique grand magasin de Paris, dans un espace de plus de 1 000 mètres carrés.











