La cour d’appel de Paris a maintenu en détention, mardi 4 novembre, l’intermédiaire Alexandre Djouhri, incarcéré comme l’ancien président Nicolas Sarkozy dans le cadre du procès libyen, en rejetant sa demande de mise en liberté. « La cour considère que la détention reste justifiée au regard des éléments précis et circonstanciés de la procédure », a déclaré le président de la cour d’appel, soulevant le risque de fuite de l’homme d’affaires franco-algérien de 66 ans, qui « dispose de facilités pour décider d’un départ du territoire national ».
« La lâcheté ne me correspond pas. Je ne pourrais pas regarder mes enfants et petits-enfants dans les yeux si je ne me présentais pas devant la cour », avait soutenu Alexandre Djouhri, qui comparaissait devant la cour d’appel en visioconférence depuis la prison de la Santé.
Cette décision intervient six jours avant l’examen de la demande de mise en liberté de l’ex-président Nicolas Sarkozy et une semaine après la libération de l’ex-banquier Wahib Nacer par la même chambre, les deux autres détenus de ce dossier politico-financier de haut vol.
Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné Alexandre Djouhri à six ans d’emprisonnement avec incarcération immédiate et 3 millions d’euros d’amende pour avoir été au cœur de schémas financiers complexes impliquant de hauts dirigeants libyens. L’intermédiaire a notamment été reconnu coupable d’avoir organisé la vente fictive de deux tableaux pour permettre à Claude Guéant de toucher un demi-million d’euros.
Une adresse étonnante
La cour a relevé que l’intermédiaire, au patrimoine et à l’activité professionnelle flous, a présenté à l’appui de sa demande de mise en liberté des garanties « particulièrement faibles ». Or Alexandre Djouhri est « impliqué dans une série de faits qui présentent la particularité de se trouver à la frontière entre le monde des affaires et le fonctionnement des Etats et qui sont de nature à vicier le fonctionnement de l’un et de l’autre », a-t-elle précisé.
Le parquet général avait requis son maintien en détention, estimant qu’il était « l’unique moyen pour préserver le déroulement serein des débats et prévenir une concertation des prévenus ».
Le président de la cour s’était étonné de l’adresse du logement proposé par la défense d’Alexandre Djouhri pour une éventuelle assignation à résidence sous bracelet électronique : celui-ci est en effet voisin des bureaux de Nicolas Sarkozy, rue de Miromesnil, dans le 8e arrondissement de Paris. Face à ce problème, sa défense a dû proposer dans l’urgence un autre hébergement, chez son neveu, en région parisienne.
« Alexandre Djouhri est une nouvelle fois renvoyé à sa binationalité franco-algérienne, [étant] soi-disant susceptible de fuir en Algérie. C’est toujours un deux poids-deux mesures insupportable, un délit de sale gueule », a déclaré son avocat, Charles Consigny, à l’issue du délibéré.
« Les faits montrent sa capacité corruptive à un très haut niveau, non seulement d’un agent public étranger, mais également de celui qui était alors secrétaire général de l’Elysée », avaient estimé les magistrats du tribunal correctionnel dans leur jugement. Alexandre Djouhri ayant fait appel de sa condamnation en première instance, son incarcération est désormais considérée comme relevant des critères de la détention provisoire.
Selon l’article 144 du Code de procédure pénale, le maintien en détention d’une personne n’est possible que s’il est l’« unique moyen » de protéger des preuves, d’empêcher pressions ou concertations, de prévenir fuite ou récidive, ou de la protéger.










