Le panorama de la musique de Maurice Ravel (1875-1937) que propose Julien Libeer cultive le paradoxe à la manière hautement distinguée du compositeur dont on célèbre en 2025 le 150e anniversaire de la naissance. D’abord, parce que le pianiste belge de 38 ans, à l’origine du projet, n’a pas établi le contenu des trois CD en se fondant exclusivement sur les pages destinées à son instrument. Le violon et le violoncelle y apparaissent aussi, et même une fois sans la présence du piano. Ensuite, et surtout, parce qu’il a placé l’ensemble des disques « sous le signe » des « contradictions sublimées », qui, selon lui, constituent la marque de Maurice Ravel.
Pas de parcours chronologique, donc, ni de répartition par genre (sonate, cycle) ou par effectif (solo, duo), mais une sorte de promenade dans la production du maître français, à l’image de celle des Tableaux d’une exposition, de Modeste Moussorgski – que Ravel a orchestrés avec un rare génie de la couleur. Conformément à la logique non musicologique de ce tour d’horizon pianistique qui n’a pas la vocation d’être une somme exhaustive (manque à l’appel, par exemple, la première version pour piano solo de La Valse), le programme débute non par du Ravel pur jus, mais par une transcription tardive (signée Paul Bazélaire) de l’enivrante Vocalise-étude en forme de habanera qui vaut au violoncelle de remplacer la voix.
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