- En 2023, 3,1 millions de ménages se trouvaient en précarité énergétique, soit 10,1% de la population, annonce l’Observatoire national de la précarité énergétique.
- Le nombre de ménages qui déclarent avoir souffert du froid l’hiver dernier a progressé, tout comme ceux en difficulté pour payer certaines factures de gaz ou d’électricité.
- À la veille d’une journée de mobilisation, les organisateurs estiment que le gouvernement n’en fait pas assez dans la lutte contre ce phénomène.
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MaPrimeRénov’ : le dispositif en partie suspendu cet été
Les alertes ont beau se succéder, le fléau, lui, persiste. En 2023, 3,1 millions de ménages étaient en situation de précarité énergétique (nouvelle fenêtre), soit 10,1% de la population, selon les derniers chiffres de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), diffusés ce lundi 17 novembre, à la veille d’une journée de mobilisation organisée sur le sujet.
Le chiffre est malgré tout en léger recul : il concernait 3,2 millions de ménages en 2022. Pour autant, cette précarité touche toujours un Français sur dix, souligne l’organisation dans un tableau de bord (nouvelle fenêtre). Les ménages considérés comme étant en situation de précarité énergétique sont ceux qui figurent parmi les 30% les plus modestes, et qui ont consacré plus de 8% de leurs revenus à des dépenses énergétiques pour leur logement.
« Hausse très rapide » de la part des Français qui peinent à payer leurs factures
Par ailleurs, le nombre de personnes qui disent souffrir du froid (nouvelle fenêtre) a lui progressé : il est passé de 30% en 2024 à 35% en 2025, parmi un échantillon de 2.000 personnes interrogées par le médiateur national de l’énergie. « Dans 37% des cas, les personnes qui ont souffert du froid l’expliquent par la nécessité de limiter le chauffage pour des raisons financières »
, détaille l’ONPE.
Malgré la mise en place du chèque énergie (nouvelle fenêtre), utilisé par 4,5 millions de ménages l’an passé, 59% de ses bénéficiaires ont déclaré avoir eu froid dans leur logement pendant l’hiver 2024-2025. De manière générale, on retrouve parmi les ménages les plus concernés par ce ressenti les agriculteurs (63%), les artisans (55%) et les employés (43%), détaille le tableau de bord. Les moins de 35 ans représentent à eux seuls près de la moitié de ces ménages (48%), tout comme les locataires (45%).
Par ailleurs, la part de Français qui déclarent avoir peiné à payer certaines factures de gaz ou d’électricité (nouvelle fenêtre) au cours des douze derniers mois a aussi bondi de 28% en 2024 à 36% en 2025, un taux inédit, selon le médiateur, qui a publié son baromètre annuel fin octobre. C’est une « hausse très rapide sur un an seulement »
, s’inquiète Maider Olivier, coordinatrice de la Journée contre la précarité énergétique, qui mobilise une vingtaine d’organismes engagés dans la rénovation énergétique, contre l’exclusion sociale et le réchauffement climatique.
Toujours selon le médiateur, 1,2 million de ménages « ont subi une intervention d’un fournisseur d’énergie en 2024 à la suite d’impayés »
, soit 24% de plus par rapport à l’année précédente. Un symptôme de la « grande difficulté des ménages à payer leurs factures d’énergie »
, insiste l’ONPE dans son tableau de bord.
« Le niveau des aides » MaPrimeRénov’ « divisé par deux »
Bien que ce sujet concerne un Français sur dix, « la lutte contre la précarité énergétique ne paraît pas figurer dans les priorités du nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu »
, regrettent les organisateurs de la journée de lutte. Pire, après « des années »
à demander « des aides de l’État mieux calibrées pour les ménages modestes et les travaux avec des gains énergétiques »
pour rénover les logements, les aides MaPrimeRénov’ ont été affaiblies (nouvelle fenêtre), déplore Manuel Domergue, de la Fondation pour le logement des défavorisés.
Les subventions MaPrimeRénov’ pour les rénovations globales de logements ont été suspendues cet été (nouvelle fenêtre) face à un nombre trop important de demandes et de tentatives de fraude. À la réouverture du guichet fin septembre, « le niveau des aides a été divisé par deux »
: « un ménage très modeste touchera désormais 32.000 euros maximum »
, pour « des travaux qui peuvent coûter 70.000 voire 90.000 euros »
, poursuit le directeur des études de la Fondation pour le logement.
Selon les dernières statistiques du gouvernement, au 1er janvier 2025, 12,7% des résidences principales étaient des passoires énergétiques, soit 3,9 millions de logements. Une précarité énergétique pesant aussi pendant la saison estivale : près d’un Français sur deux (49%) a déclaré avoir souffert « d’un excès de chaleur »
(nouvelle fenêtre)
dans son logement lors de l’été 2024-2025, selon le médiateur national de l’énergie, une hausse de 7 points par rapport à l’année précédente.
Outre le logement, l’ONPE alerte également sur plusieurs autres indicateurs de la précarité en France, notamment la pauvreté monétaire : plus de 15% des Français étaient touchés en 2023, du jamais vu depuis 1996, selon l’Insee. Par ailleurs, la même année, 15 millions de personnes étaient en situation de précarité en matière de mobilité, contraintes à limiter leurs déplacements ou ne pas en faire du tout.









