Emmanuel Macron lui a fermé la porte des discussions sur le premier ministre, Marine Le Pen veut donc passer par la fenêtre du Parlement. Et sans attendre le 1er octobre, jour d’ouverture de la session ordinaire de l’Assemblée nationale. Dans une lettre ouverte datée du lundi 2 septembre, la cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN) invite l’ensemble des présidents de groupe à « travailler à un ordre du jour consensuel » en vue de contraindre le chef de l’Etat à convoquer une session extraordinaire au Palais-Bourbon.
« Les Français ne nous ont pas élus pour être les spectateurs de la tragi-comédie autour de la formation d’un nouveau gouvernement, mais pour travailler à améliorer leur quotidien », justifie la triple candidate à la présidentielle dans sa missive. Le 26 août déjà, en marge de son entretien avec Emmanuel Macron, Marine Le Pen avait réclamé une reprise anticipée des travaux parlementaires, afin que « l’Assemblée nationale puisse être en situation d’opérer une censure si c’est nécessaire ». Surtout en cas de nomination d’un premier ministre issu de la gauche. « Cette lettre vise à en remettre une couche et à préciser le champ de la session extraordinaire », temporise Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN.
Quand l’Assemblée nationale est à l’initiative d’une session extraordinaire, l’article 29 de la Constitution exige que la moitié des députés (289 sur 577) s’accordent sur un « ordre du jour déterminé ». Si Marine Le Pen propose d’y inscrire des « débats » sur la « situation des finances publiques » ou la « situation sécuritaire », la dirigeante d’extrême droite est prête à toutes les concessions pour convaincre ses adversaires. « Nous sommes ouverts à tous les sujets, même à ceux avec lesquels nous ne serions pas d’accord, et prêts aussi à renoncer à certaines propositions, confirme Renaud Labaye. Nous préférerons toujours un ordre du jour sans proposition de loi sécuritaire qu’une absence d’ordre du jour. »
« Une tactique politique »
Spectatrice des tractations mises en scène par l’Elysée pour choisir le prochain premier ministre, Marine Le Pen poursuit son entreprise de notabilisation parlementaire en se posant en défenseuse d’un pouvoir législatif entravé par des « manœuvres dilatoires » et entraîné dans un « chaos institutionnel ». Pas question pour la députée du Pas-de-Calais d’abandonner l’initiative à des adversaires politiques, après que la présidente de l’Assemblée (Yaël Braun-Pivet), le premier secrétaire du Parti socialiste (Olivier Faure), les communistes et le groupe Ecologiste et social ont eux aussi appelé à une session extraordinaire. Ni de laisser la conduite de l’opposition à son président de parti (Jordan Bardella), qui exigeait le 29 août la mise en débat d’une « grande loi de sursaut sécuritaire » avant le 1er octobre.
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