Les déclarations de principe des artistes, en particulier des metteurs en scène, sont souvent sujettes à caution. Difficile, certes, de verbaliser, en quelques phrases, le fil rouge conceptuel qui se déroulera sur le plateau durant plusieurs heures. Les plus décevantes sont celles qui promettent beaucoup et donnent peu. Le cas contraire est plus rare. C’est pourquoi cette nouvelle production de La Traviata, de Verdi, confiée à Silvia Paoli est si enthousiasmante. Donnée en première à l’Opéra de Nantes en janvier, la voici pour cinq représentations jusqu’au mardi 4 mars à l’Opéra de Rennes, avant Angers (du 16 au 18 mars), puis Tours (du 11 au 17 juin), au fil des maisons lyriques coproductrices (dont également Nice et Montpellier).
Quid de la fameuse déclaration de principe (le pitch, en langage contemporain) ? Rien de nouveau a priori : Violetta est bien cette jeune femme perdue que la société broie et avilit, insecte pris dans les rets d’un patriarcat en habit noir et chapeau haut de forme. Pas de relevage ou de salvation pour les êtres que la vie a déchus. Sur les accents déchirants des violons frissonnant dans l’aigu (l’ouverture est une émouvante préfiguration du dernier acte de l’opéra), une femme, seule, danse sa mort. Un corps puissant et fragile à la fois, juché sur l’extrême pointe des pieds, qui vrille et se tord, des bras qui montent, retombent, des jambes convulsées. La silhouette en liquette blanche agonise sous le regard implacable d’une foule muette, haie de haine qui s’avancera pour fouler la malheureuse, une fois tombée au sol.
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