
Les boutiques désertées se succèdent le long de l’artère commerçante qui relie la porte d’Orléans et la place Denfert-Rochereau, dans le 14e arrondissement de Paris. Sur leurs ossatures vides, recouvertes de publicité sauvage, on devine encore les noms partiellement effacés d’enseignes de vêtements : Zara, Naf Naf, Maje…
Hildegard Haugg-Noël, 80 ans, habite le quartier depuis cinquante-trois ans. « Les gens venaient de tout le quartier et même des banlieues sud pour faire leurs commissions ici ! Il y avait toutes les belles marques connues. Aujourd’hui, il n’y a plus que des opticiens et des boucheries à 110 euros le kilo », regrette la riveraine. Avant d’ironiser : « Je vous laisse, je vais déposer de l’argent à la banque avant qu’elle ne ferme, elle aussi. »
Dans cet ancien lieu de shopping populaire du quartier, devenu « bobo », selon l’octogénaire, le taux de vacance commerciale a quasiment doublé entre 2024 et 2025, atteignant environ 10,5 %. Sur 123 locaux commerciaux, 13 sont vides.
« Plus qu’une crise généralisée du commerce, on assiste à une crise du secteur du prêt-à-porter », constate Christophe Noël, directeur général de la Fédération des acteurs du commerce dans les territoires. Les enseignes françaises de la mode grand public sont en difficulté. Prises entre l’inflation, la concurrence de la seconde main, de l’ultra fast-fashion et du e-commerce, nombre d’entre elles ont connu, ces trois dernières années, redressements et liquidations judiciaires. Les faillites alimentent la hausse de la vacance commerciale, qui a doublé en vingt ans partout en France.
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