- On les entend de moins en moins, notamment dans les grandes villes.
- Il faut parfois se promener à la campagne pour espérer entendre un accent.
- En cause, la mondialisation, mais aussi la mobilité, selon une récente étude.
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Au cœur des régions
Si le nombre de Français pratiquant les langues régionales ne cesse de diminuer, les accents régionaux tendent aussi à s’estomper peu à peu. Bien qu’ils n’aient pas totalement disparu, plus de la moitié des Français a le sentiment de moins l’entendre au quotidien, d’après une récente enquête (nouvelle fenêtre) menée auprès de 1.500 personnes par Preply, une plateforme de cours de langue en ligne. C’est tout particulièrement vrai en Corse, où 63% des sondés ont le sentiment que les intonations régionales disparaissent.
Le constat est le même ou presque en Provence-Alpes-Côte d’Azur (62%) et les Pays-de-la-Loire (62%), en Bretagne (57%), en Normandie (55%), dans le Grand-Est (56%), en Auvergne-Rhône-Alpes (54%), dans les Hauts-de-France et en Île-de-France (52%). Seules la Nouvelle-Aquitaine (49%) et l’Occitanie (48%) semblent faire exception. C’est chez la génération Z, celle des 16-28 ans, que ce changement est le plus visible : 59 % déclarent constater la disparition de leur accent dans leur région, contre 51% chez les 61-79 ans.
Des accents qui se font de plus en plus rares, notamment dans les grandes agglomérations. Il faut quitter la ville pour la campagne pour les entendre encore, notamment chez les locuteurs les plus âgés. Sur le marché de Cysoing (Nord), où s’est rendue une équipe de TF1, ils sont encore nombreux à parler le Ch’ti. « Nous, on ne dit pas ‘ah’, on dit ‘oh' »
, lance un commerçant interrogé dans la vidéo qui accompagne cet article. Un accent reconnaissable entre tous et qui vous suit partout. « Quand je vais voir mes enfants dans le Midi, on me dit :
« Ah, vous êtes du Nord, vous !' »
, relate une habitante devant notre caméra.
Fierté pour les uns, c’est souvent aussi une source d’embarras pour d’autres. Selon un sondage Ifop paru en 2020, 16% des Français disent avoir été victimes de glottophobie, c’est-à-dire la discrimination par l’accent. Pour Roxane Joannidès, docteure en sciences du langage, la disparition des accents régionaux est liée à « la mondialisation et la mobilité, puisqu’il y a plus de rencontres entre des personnes de zones différentes »
. Entre uniformisation et ancrage local, on perd souvent son accent lorsqu’on déménage… Alors, souvenons-nous de Jean-Jacques Rousseau qui disait : « l’accent est l’âme du discours. Il lui donne le sentiment et la vérité »
. À méditer avec l’accent que vous voulez.










