Le Belge Alexis Goosdeel achèvera le 31 décembre le double mandat qu’il a exercé, à Lisbonne, à la tête de l’Agence européenne sur les drogues (EUDA). Il dresse un état des lieux de la lutte contre les stupéfiants alors qu’une nouvelle substance émerge environ tous les dix jours.
Quelles sont les grandes mutations que vous avez observées durant ces dix années ?
Aujourd’hui, les drogues sont disponibles partout et tout le monde peut être concerné. Jamais autant de substances produites hors de l’Union européenne (UE) ne sont arrivées sur son territoire et jamais autant n’ont été produites sur son territoire – ecstasy ou stimulants, par exemple. Au 31 décembre 2024, nous relevions que sur les vingt-sept années d’existence du système d’alerte européen, nous avons détecté 1 000 nouvelles substances psychoactives (NPS). Une nouvelle drogue émerge environ tous les dix jours, et de 400 à 450 NPS d’entre elles réapparaissent chaque année sous une forme ou l’autre.
La violence liée au trafic est-elle une autre mutation ?
Son augmentation est constante et généralisée depuis six ou sept ans. Le troisième grand changement est le poly usage : beaucoup de gens consomment désormais de nombreuses substances. Ce ne sont pas toutes des drogues illégales – songeons à l’alcool – et elles n’ont pas toutes le même degré de dangerosité, ce qui nous oblige à considérer que toutes ces personnes ne sont pas des criminels ni des « drogués ».
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