L’armée de l’air du Nigeria a frappé, dimanche 7 décembre, des cibles à Cotonou, capitale économique du Bénin voisin, où des militaires ont tenté dans la matinée de prendre le pouvoir par la force, ont affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) une source à la présidence nigériane et un porte-parole de l’armée.
« L’armée de l’air du Nigeria a conduit des opérations au Bénin en ligne avec les protocoles de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest [Cedeao] et de la force régionale en attente », a fait savoir le commandeur Ehimen Ejodamen, porte-parole de l’armée de l’air, précisant que cette opération « souligne l’engagement du Nigeria dans la sécurité régionale ». La nature exacte des cibles n’a pas été mentionnée.
La présidence du Nigeria a confirmé dimanche soir avoir mené des frappes aériennes à Cotonou et déployé des troupes au sol, à la demande de son voisin béninois, pour notamment « sauvegarder l’ordre constitutionnel » et contrer une tentative de putsch. Dans un communiqué, la présidence fait savoir que le chef de l’Etat nigérian, Bola Tinubu, a ordonné que des avions de combat entrent dans l’espace aérien béninois pour aider « à déloger les putschistes de la télévision nationale et d’un camp militaire où ils s’étaient regroupés », ainsi que le déploiement de troupes au sol « désormais au Bénin ».
La Cedeao a annoncé, de son côté, dimanche soir déployer des soldats au Bénin. Dans un communiqué, l’organisme régional dit avoir « ordonné le déploiement immédiat d’éléments de la Force en attente », des troupes venant du Nigeria, de Sierra Leone, de Côte d’Ivoire et du Ghana, afin de soutenir « le gouvernement et l’armée républicaine du Bénin » et « préserver l’ordre constitutionnel ».
La Force en attente de la Cedeao a le mandat de garantir la paix et la stabilité de la région. Elle s’est par exemple déployée en Gambie en 2017 lorsque le président sortant Yahya Jammeh refusait de quitter le pouvoir. Elle avait toutefois finalement renoncé à intervenir en 2023 après le coup d’Etat au Niger. L’Union africaine (UA) a condamné « fermement et sans équivoque » la tentative de coup d’Etat au Bénin.
« Cette forfaiture ne restera pas impunie »
Dimanche matin, après des tirs près de la présidence, des militaires avaient fait irruption à la télévision nationale pour annoncer la destitution du président Talon, invoquant pêle-mêle la « dégradation de la situation sécuritaire » ou la remise en cause des « libertés fondamentales » notamment.
Quelques heures plus tard, le ministre de l’intérieur béninois, Alassane Seidou, est apparu à son tour à la télévision nationale pour assurer que le coup d’Etat avait été déjoué. Ce qu’a confirmé Patrice Talon dans une courte adresse à la Nation dimanche soir, affirmant que la situation était « totalement sous contrôle » et que la « sécurité et l’ordre public seront maintenus partout sur le territoire national ». « Cette forfaiture ne restera pas impunie », a-t-il ajouté, après avoir félicité les militaires de la garde républicaine à son arrivée au palais présidentiel.
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La France, ancienne puissance coloniale, a condamné la tentative de ce coup d’Etat et a appelé ses ressortissants « à la plus grande prudence et notamment à rester confinés », en raison d’« un contexte à cette heure encore volatil ».
Une douzaine de soldats arrêtés
Après une journée où la plupart des habitants ont vaqué à leurs occupations à Cotonou, la capitale économique s’est vidée un peu plus tôt que d’habitude dans la soirée, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Plusieurs barrages militaires étaient déployés dans la zone de la présidence et du camp militaire voisin de Guézo.
Selon des sources militaires à l’AFP, une douzaine de soldats ont été arrêtés. Parmi eux figurent certains auteurs de la tentative de putsch, a déclaré une source sécuritaire sans préciser si le meneur des mutins, le lieutenant-colonel Pascal Tigri figurait parmi eux.
L’histoire politique du Bénin a été jalonnée de plusieurs coups d’Etat ou tentatives, mais le dernier remonte à 1972.
Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, arrivera en 2026 au terme de son second mandat, le maximum autorisé par la Constitution. Son dauphin désigné, l’actuel ministre des finances, Romuald Wadagni, fait figure d’ultra-favori pour la présidentielle d’avril 2026, le principal parti d’opposition ayant été écarté de la course.
S’il est salué pour le développement économique du Bénin, Patrice Talon est régulièrement accusé par ses détracteurs d’avoir opéré un virage autoritaire dans un pays autrefois salué pour le dynamisme de sa démocratie.
