Livre. La séparation entre le temps de la guerre et celui de la paix se fait toujours plus confuse. La guerre en Ukraine en est un parfait exemple, commençant dès 2014 avec l’annexion par Moscou de la Crimée et la déstabilisation de l’est du Donbass avant l’invasion à grande échelle de février 2022. Elle risque de s’achever sans véritable paix, devenant un « conflit gelé » qui peut à chaque instant reprendre. La sortie de guerre est toujours longue et compliquée. Les effets sociaux, culturels et politiques d’un conflit ne s’interrompent pas avec l’armistice ou la capitulation de l’une des parties impliquées. Toute guerre modifie en profondeur les destins individuels comme ceux des peuples. Elle change les frontières, bouleverse et brutalise les sociétés, balaie les paysages. Ce temps intermédiaire entre le conflit et une future paix peut se prolonger pendant des années.
« A rebours d’une historiographie plus traditionnelle privilégiant le triptyque composé d’un avant-guerre, d’une guerre et d’un après-guerre, un nombre croissant d’études ont illustré la richesse, le caractère, à la fois dynamique et protéiforme, et partant de la complexité des périodes de transition entre la paix et la guerre », relève l’historien Guillaume Piketty, directeur du Centre d’histoire de Sciences Po, à Paris, dans l’introduction de Sortir de la guerre. Des guerres de religion aux conflits asymétriques (Passés/Composés et ministère des armées, 464 pages, 25 euros).
Cet ouvrage collectif, dirigé par ce spécialiste des conflits, étudie neuf « moments guerriers »-clés. Le livre s’ouvre par la fin des guerres de religion ayant ravagé l’Europe au XVIe siècle, « qui passait par des mesures de reconnaissance de l’altérité religieuse et de coexistence plus que par une véritable tolérance », comme le souligne Nicolas Le Roux, professeur à Sorbonne Université. Il s’achève sur les conflits asymétriques du XXe siècle finissant et du début du XXIe siècle et leurs guerres sans fin.
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