Le 4 avril 2020, en plein confinement dû à la pandémie de Covid-19, un réfugié soudanais de 33 ans, Abdallah Osman Ahmed, était sorti dans les rues de Romans-sur-Isère (Drôme), armé d’un couteau, et avait poignardé sept personnes au hasard. Deux d’entre elles avaient succombé à leurs blessures. Cinq ans et demi après les faits, Abdallah Osman Ahmed est jugé seul, à partir de lundi 27 octobre, devant la cour d’assises spéciale de Paris, pour assassinats et tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste.
Ce procès se présente comme un cas d’école des dossiers d’attentats aux confins de l’islamisme et de la psychiatrie. Abdallah Osman Ahmed, qui disait entendre des voix et avait déjà été interné à l’hôpital deux ans avant les faits, a fait l’objet, en cours d’instruction, de trois expertises psychiatriques : l’une avait estimé que son discernement était aboli au moment de son passage à l’acte, ce qui le rendait pénalement irresponsable, mais deux autres avaient conclu à une simple altération de son discernement, permettant la tenue d’un procès.
Le profil d’Abdallah Osman Ahmed illustre les dégâts psychiques de certains parcours migratoires sur des personnalités fragiles. Issu d’une famille de cultivateurs pauvres, il avait quitté ses parents, ses six frères et sœurs et son épouse pour s’installer seul en France, en 2016. Un an plus tard, il obtenait le statut de réfugié en prétendant avoir fui les persécutions du pouvoir de Khartoum. Un récit démenti auprès des enquêteurs par sa famille restée au Soudan, qui affirme qu’il a migré pour des raisons économiques.
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