Le prix de l’huile d’olive ne cesse d’augmenter ces dernières années, les pays producteurs ayant vu leur rendement diminuer.
En Italie, dans les Pouilles, c’est une bactérie qui attaque les arbres depuis plus de dix ans.
Elle assèche les branches en quelques mois, et les arbres sont contaminés les uns après les autres.
Vingt millions d’oliviers ont été touchés, mais des ingénieurs agronomes ont peut-être trouvé la solution.
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Initiatives environnementales
C’est un immense cimetière végétal que l’on découvre au début du reportage du 20H en tête de cet article. Un paysage qui fait mal au cœur, dans ces plaines du talon de la botte italienne, où s’alignent des centaines de milliers d’oliviers morts, desséchés, amputés. Des grands malades touchés par une bactérie tueuse, la xylella fastidiosa , transportée par un insecte. Elle assèche les branches en quelques mois, et les arbres sont contaminés les uns après les autres.
Dans sa ferme auberge, Gianluca avait 2000 oliviers, il en a perdu 1800. « On a tout coupé il y a six ou sept ans, mais ça n’a pas suffi. On pourrait pleurer, on les voit grandir, on s’en occupe, et on les voit mourir. C’est très violent », raconte-t-il au micro de TF1. Violente aussi, la solution la plus radicale. Arracher, réduire en miettes entre deux et trois hectares d’arbres morts chaque jour. Pour les ouvriers qui procèdent au broyage, c’est un mal pour un bien. « Ça va partir en Calabre comme biomasse pour faire du carburant », explique l’un d’entre eux, « nous, on pense que c’est comme une renaissance ».
C’est une bactérie qui a plus de variants que le coronavirus
C’est une bactérie qui a plus de variants que le coronavirus
Donato Boscia, virologue végétal
Une renaissance dans ce décor majestueux des Pouilles, c’est bien ce qu’espère Giovanni Melcarne. Depuis le début de la crise, ce producteur d’olives travaille sur des expériences de greffe dans une petite plate-bande, avec des espèces plus résistantes à la maladie. « Aujourd’hui, on a quatre variétés résistantes« , rapporte-t-il. Elles produisent de jolies grappes d’olives, qui redonnent espoir aussi à Donato Boscia. Lui est scientifique, et analyse les dégâts de la bactérie sur les feuilles pour sélectionner les meilleures espèces à greffer ou à replanter.
« C’est une bactérie qui a plus de variants que le coronavirus », décrit ce virologue végétal, « c’est pour ça qu’il faut contrôler et anticiper, pour que l’un de ces variants ne devienne pas aussi dangereux sur d’autres produits de l’agriculture importants pour notre économie ». C’est d’ailleurs une variété différente de la bactérie italienne qui a atteint les oliviers de Corse.
Les Italiens ont trouvé une nouvelle arme : un petit épagneul que l’on entraîne plusieurs fois par semaine à détecter la bactérie avec son nez. Le chien renifleur trouve en quelques instants un arbre contaminé au milieu d’individus sains. Cette expertise canine permet de ne pas replanter d’arbres malades, mais asymptomatiques.
Toutes ces actions permettent de voir à nouveau au bord des routes de la région des milliers d’hectares de petits arbres, replantés sur les parcelles d’où l’on avait arraché les oliviers malades. Un paysage qui renaît lentement sous nos yeux. Il faudra du temps, peut-être un siècle, avant que les jeunes arbres ne fassent de l’ombre aux troncs desséchés qui restent dans les champs.
Retrouvez l’intégralité du reportage de TF1 dans les Pouilles, dans la vidéo en tête de cet article.