En France, le mode de scrutin relève d’un acte de foi. Il convient d’être pour ou contre le scrutin majoritaire ; pour ou contre la proportionnelle. Or, le mode de scrutin n’est ni une valeur ni un principe. C’est un instrument qui, comme tout instrument, est à considérer à l’aune de son efficacité. C’est d’ailleurs là l’approche qui fut celle du général de Gaulle, favorable à la proportionnelle en 1944 et au scrutin majoritaire en 1958. C’est aussi ce qui le conduisit à ne pas inscrire ce dernier dans la Constitution, pour que, constatant son inefficience, il soit possible d’en changer par une loi ordinaire.
Le mode de scrutin majoritaire à deux tours ne donne pas nécessairement de majorité. En place durant presque toute la IIIe République, il n’en a jamais donné dans ce pays avant 1962. Il n’en donne qu’en période de bipolarisation de la vie politique, et au prix d’une forte démobilisation électorale entre les deux tours des électeurs frustrés d’un choix. Or la bipolarisation semble aujourd’hui avoir vécu.
Quand personne ne dispose de majorité, le mode de scrutin majoritaire à deux tours devient facteur d’instabilité. Les partis sont en effet contraints par le jeu d’alliances qui les a portés au premier tour, ce qui les empêche de former des majorités en brisant les frontières des blocs. Ce constat n’est pas lié à notre « culture politique » qui empêcherait la formation de coalitions. C’est plutôt le mode de scrutin majoritaire à deux tours qui forge une culture politique hostile à un compromis devenu indispensable : il n’est pas mauvais en soi, il est simplement devenu inadapté à la transformation de notre vie politique.
Participation stimulée
Faut-il alors passer à la proportionnelle ? Cette dernière a des avantages. L’on sait notamment qu’elle stimule la participation : 7 points en moyenne, 12 points chez les jeunes. Elle accroît l’adhésion aux institutions et aux politiques publiques. Un électeur sur deux ayant voté pour un des partis membres de la coalition, contre deux sur dix dans les derniers scrutins législatifs en France, plus de citoyens se sentent représentés mais aussi solidaires de la majorité gouvernementale.
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