Blue Origin, l’entreprise spatiale de Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, a réussi, jeudi 13 novembre, à récupérer le propulseur de sa puissante fusée New Glenn après son lancement. Il s’agit ainsi d’une avancée majeure pour la société américaine, qui ambitionne de rivaliser avec SpaceX d’Elon Musk.
Après le décollage de la fusée depuis Cap Canaveral en Floride, l’entreprise a réussi à faire atterrir le premier étage, ou propulseur, de manière contrôlée sur une barge en mer, sous un tonnerre d’applaudissements et de cris de joie de ses employés. La manœuvre, extrêmement complexe pour une fusée de cette taille, n’était tentée que pour la deuxième fois par l’entreprise, et n’avait été jusqu’ici réussie que par sa grande rivale SpaceX.
« C’est un jour historique pour Blue Origin », s’est émue la vice-présidente de l’entreprise, Ariane Cornell, lors d’une retransmission vidéo. « Bon sang, c’était formidable ! », s’est empressé de saluer sur X Jared Isaacman, un proche d’Elon Musk que Donald Trump souhaite voir prendre la tête de la NASA, tandis que les félicitations pleuvaient, notamment du côté de SpaceX.
« Félicitations à Jeff Bezos et à l’équipe de Blue Origin », a ainsi réagi Elon Musk sur la même plateforme. Jon Edwards, responsable des lancements de fusée Falcon chez SpaceX, a lui déclaré : « Récupérer une fusée orbitale est extrêmement difficile. Bravo ! », assurant que les Américains pouvaient être « fiers ».
SpaceX dans la tourmente
Avec cette réussite, Jeff Bezos, qui veut rattraper son retard sur Elon Musk, devrait parvenir à accélérer la cadence de ses lancements et en réduire les coûts.
Les deux multimilliardaires ont chacun fondé au début des années 2000 leur entreprise spatiale, mais Blue Origin a progressé à un rythme beaucoup plus lent que SpaceX, qui domine aujourd’hui le secteur, notamment en raison d’une approche technique plus prudente.
Avec ce deuxième vol orbital réussi, Jeff Bezos entend montrer qu’il constitue un concurrent sérieux, notamment dans un contexte de compétition accrue autour du programme lunaire Artemis de la NASA.
L’agence spatiale américaine, qui prévoit de renvoyer des Américains sur la Lune dans les années à venir, a évoqué en octobre la possibilité de se passer de l’entreprise phare du secteur, SpaceX, en raison de retards de développement.
Cette nouvelle a provoqué l’ire du patron de Tesla et pourrait donner un avantage à Jeff Bezos, qui développe lui aussi un alunisseur pour la NASA, aujourd’hui prévu pour une mission ultérieure.
Des ambitions lunaires et martiennes renforcées
Dans ce contexte, les performances de la fusée New Glenn, qui transportait jeudi une mission scientifique de la NASA nommée « Escapade » et destinée à étudier Mars, étaient particulièrement scrutées.
Si l’entreprise de Jeff Bezos « mène à bien cette mission, cela donnera confiance à la NASA », avait estimé auprès de l’Agence France-Presse George Nield, président d’une entreprise promouvant les activités spatiales privées, en amont du lancement.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, l’administration américaine exerce une pression considérable sur la NASA pour accélérer son programme lunaire, qui a souffert de nombreuses complications et retards ces dernières années.
Sean Duffy, administrateur par intérim de la NASA, est même allé jusqu’à évoquer une « deuxième course à l’espace » opposant Washington et Pékin, qui ambitionne également de fouler le sol lunaire d’ici 2030, après celle à laquelle se sont livrés les Etats-Unis et l’Union soviétique pendant la Guerre froide.
Via le programme Artemis, les Américains cherchent à établir une présence humaine durable sur la Lune et à préparer le terrain à de futures missions vers Mars. Les sondes lancées jeudi pour le compte de la NASA devraient jouer un rôle dans ce projet, en permettant d’approfondir les connaissances sur la planète rouge.
Nommées Blue et Gold, ces dernières vont se positionner dans une orbite « de stationnement sécurisée » afin de rester près de la Terre et d’attendre le moment idéal pour partir vers Mars, qu’elles devraient rejoindre en 2027, a expliqué jeudi Joseph Westlake, un responsable de la NASA.










