L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, gracié et libéré mercredi par l’Algérie après un an de détention, va « plutôt bien » et espère arriver en France vendredi ou samedi, a-t-il affirmé jeudi 13 novembre, dans la soirée, lors d’une conversation téléphonique avec son confrère et soutien Kamel Daoud retranscrite dans Le Point.
« Mon agenda n’est pas consolidé, car il y a le côté politique qui passe avant, mais je vais être à Paris demain ou dans deux jours », a déclaré M. Sansal de Berlin, selon des propos rapportés sur le site Internet du magazine. Kamel Daoud, écrivain franco-algérien et prix Goncourt 2024, explique avoir pu entrer en contact téléphonique avec Boualem Sansal par l’intermédiaire d’une de ses amies à Berlin.
Agé de 81 ans, Boualem Sansal était arrivé mercredi soir dans la capitale allemande pour y recevoir des soins médicaux avant un éventuel retour en France. « Bonjour la France, Boualem revient, on va gagner ! », a-t-il lancé. L’écrivain a assuré se porter « plutôt bien ». « Je suis costaud, tu sais. Je ne vais pas être détruit par une petite année de prison. » Il a également évoqué les conditions de son emprisonnement, marquées par l’isolement. « J’étais comme coupé du monde, sauf les visites de Naziha [son épouse] », a-t-il expliqué. « J’étais dans un quartier de très haute sécurité. Je n’avais pas vraiment le droit de parler souvent aux autres prisonniers », a-t-il ajouté.
Critiques à l’égard des autorités algériennes
L’écrivain avait été condamné à cinq ans de prison pour « atteinte à l’unité nationale » après des propos tenus en octobre 2024 au média français d’extrême droite Frontières. Il y affirmait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de certaines régions de l’ouest du pays, notamment Oran et Mascara, qu’il estimait avoir appartenu auparavant au Maroc. Sa famille avait exprimé à plusieurs reprises son inquiétude pour la santé du romancier et essayiste, traité pour un cancer de la prostate.
Figure primée de la littérature francophone nord-africaine, M. Sansal est connu pour ses critiques à l’égard des autorités algériennes et des islamistes. Il a obtenu la nationalité française en 2024. Son incarcération avait envenimé une brouille entre Paris et Alger déclenchée en juillet 2024 lorsque la France a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. « J’espère que les relations entre la France et l’Algérie vont évoluer grâce à l’Allemagne et à notre diplomatie », a-t-il avancé. « J’ai bon espoir. On m’a raconté un peu les dessous des négociations. Il y a une jonction astrale qui est bonne. »
A l’annonce de la libération de Boualem Sansal, mercredi, le président français, Emmanuel Macron, s’est dit « disponible pour échanger » avec son homologue « sur l’ensemble des sujets d’intérêt » commun. Le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, partisan de l’apaisement avec Alger contrairement à son prédécesseur, Bruno Retailleau, qui prônait une ligne de fermeté, devrait également faire le déplacement. « Le ministre de l’intérieur algérien m’a invité à me rendre en Algérie, donc la probabilité que je m’y rende est très forte », a-t-il déclaré jeudi sur BFM-TV/RMC.





