Emmanuel Macron a longuement défendu, mardi 13 mai, dans une émission grand format sur TF1, ses huit ans d’action à l’Elysée, évoquant les questions internationales tout en restant inflexible sur sa politique intérieure.
Pendant plus de trois heures, répondant au journaliste Gilles Bouleau et à plusieurs intervenants, le chef de l’Etat, cantonné depuis la dissolution de l’Assemblée à son rôle diplomatique, a largement réinvesti le champ de la politique nationale, des prisons à la politique fiscale en passant par le financement du modèle social.
Le président a même esquissé quelques pistes, prônant notamment la tenue « dans les prochaines semaines » d’une « conférence sociale ». Le « financement de notre modèle social » repose « beaucoup trop sur le travail », a jugé M. Macron, qui souhaite également l’ouverture d’une « négociation sociale » sur « la qualité » et « l’évolution des formes de travail ». Attendu sur le sujet, Emmanuel Macron a expliqué « ne rien s’interdire » en matière de référendum, sans pour autant annoncer de projet arrêté de consultation des Français.
Il a assuré vouloir organiser un référendum sur plusieurs questions « en même temps » dans les « mois qui viennent » sur de « grandes réformes économiques, éducatives ou sociales ». M. Macron a notamment déclaré être ouvert à des « réformes » du premier ministre, François Bayrou, sur le « plan économique et social ». Mais il ne « voit pas » de référendum possible sur l’immigration « qui permettrait d’être efficace ».
La possibilité d’un référendum sur la fin de vie
Interrogé sur la fin de vie, après un témoignage de l’ancien journaliste Charles Biétry atteint de la maladie de Charcot, il a dit souhaiter que la loi en cours d’examen « soit votée » au Parlement. Et n’a pas exclu d’en appeler aux Français en cas d’« enlisement » Parlementaire du texte, alors que les débats ont commencé lundi à l’Assemblée.
Pour le reste, le président de la République a longuement défendu son bilan économique et social, de sa politique fiscale menée dès 2017 à la réforme des retraites adoptée sans vote par l’article 49.3, un an après sa réélection, ou encore son bilan climatique.
Pas question pour lui d’accepter un référendum sur cette réforme, comme le lui a suggéré la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et alors que de possibles annonces référendaires étaient largement évoquées avant cette émission.
Confronté au maire de Béziers, Robert Ménard, sur les questions d’insécurité et d’immigration, M. Macron a dit vouloir une loi étendant les pouvoirs des polices municipales. Il s’est également dit favorable à une participation des détenus à leurs frais de détention, idée défendue par le Garde des sceaux, Gérald Darmanin, et à la location, « si besoin était », de places de prison à l’étranger.
Interpellé par plusieurs intervenants, M. Macron a réitéré sa position sur certains sujets de société. Il a notamment confirmé vouloir que soit imposée aux adolescents une vérification de leur âge pour s’inscrire sur les réseaux sociaux, estimant qu’il y a « une jeunesse qui a été percutée » par ces plateformes.
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Il s’est aussi prononcé contre le port de signes religieux, comme le voile islamique, dans les compétitions sportives, mais a jugé que pour la pratique sportive hors compétitions, c’était aux fédérations sportives « de décider ».
« Ce que fait le gouvernement de Benyamin Nétanyahou est inacceptable »
Quant aux questions internationales, abordées en début d’émission, M. Macron a d’abord réitéré, à deux jours des pourparlers russo-ukrainiens prévus jeudi en Turquie, la volonté française de « prendre des sanctions » si la Russie « confirme le non-respect » d’un cessez-le-feu en Ukraine. Il a notamment évoqué des « sanctions secondaires » pour les « revendeurs » de « services financiers » ou d’« hydrocarbures ». Sur la saisie des avoirs russes gelés, le chef de l’Etat a répété qu’il n’y avait « pas de cadre légal » pour les utiliser, considérant que ça n’était « pas une bonne solution ».
Un tel cessez-le-feu doit ouvrir la voie à des négociations « territoriales », a-t-il ajouté, pointant des choix à venir pour les Ukrainiens déjà évoqués par l’administration de Donald Trump. « Même les Ukrainiens eux-mêmes ont la lucidité de dire (…) qu’ils n’auront pas la capacité de reprendre l’intégralité de ce qui est pris depuis 2014 » par la Russie, a déclaré le chef de l’Etat.
En outre, dans les réflexions sur la défense européenne, la France est « prête à ouvrir » une discussion sur le déploiement d’avions français armés de « bombes » nucléaires dans d’autres pays européens, à l’instar de ce que font les Américains pour partager leur parapluie atomique, a par ailleurs annoncé M. Macron.
Quant à la « crise humanitaire » à Gaza, le président a estimé que « ce que fait aujourd’hui le gouvernement de Benyamin Nétanyahou est inacceptable », en considérant par ailleurs que « ce n’est pas à un président de la République de dire “Ceci est un génocide”, mais aux historiens ».