« Je voulais rentrer chez moi. Je me rends compte que j’ai passé presque un tiers de ma vie dans un camp de réfugiés. Sous une tente. Je ne voulais plus imposer cela à mes trois filles », dit Aïcha, croisée en compagnie de son aînée, Rafaa, 13 ans, dans un centre communautaire du Croissant-Rouge installé dans le quartier de Tadamone, dans le sud de Damas. Aïcha est rentrée début septembre en Syrie après douze années d’exil au Liban.

En ce début novembre, elle vient s’enregistrer dans l’espoir de bénéficier de l’aide au retour que distribue le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), qui soutient le Croissant-Rouge, à raison de 600 dollars (515 euros) pour les familles les plus vulnérables. Elle vient aussi solliciter l’aide du service juridique pour faire enregistrer auprès de l’état civil syrien ses deux plus jeunes filles, nées en exil et dans l’anonymat des camps de réfugiés. Ce qui les prive comme des dizaines de milliers d’enfants d’une existence légale, la famille n’étant pas en mesure de prouver leur identité auprès de l’administration.

Le 8 décembre 2024, la dynastie des Al-Assad tombait après cinquante-quatre ans de règne sans partage sur le pays. L’épilogue de quatorze années de guerre qui ont ravagé la Syrie. Le conflit a provoqué l’une des plus grandes crises migratoires au monde : environ 6,8 millions de Syriens − soit près d’un tiers de la population − ont fui le pays au plus fort du conflit, en 2021, cherchant un refuge là où ils le pouvaient. Plus de la moitié de ces réfugiés, environ 3,74 millions, se sont installés dans la Turquie voisine, tandis que 840 000 ont trouvé refuge au Liban et 672 000 en Jordanie. Un peu plus d’un million sont parvenus à rejoindre l’Europe, après un périple de milliers de kilomètres en mer et sur terre. A ces chiffres s’ajoutent les 7 millions de déplacés internes.

Il vous reste 82.59% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version