Ce dimanche 1er septembre, en début de soirée, sur l’esplanade de la rue Kaplan, à Jérusalem, devant le bureau du premier ministre israélien, les soutiens des otages retenus à Gaza cherchent leurs mots. Ils semblent d’une pauvreté criante, incapables d’exprimer les émotions qu’ils ressentent depuis l’annonce, le matin, de la mort de six captifs du Hamas. « On a envie de hurler, juste de hurler », dit Riki Fishel, qui a 74 ans. « Depuis le 7 octobre, c’est le jour le plus triste, le plus désolant », tente de résumer Tessa Shrem, professeur d’anglais à la retraite.
Les corps de Carmel Gat, Hersh Goldberg-Polin, Eden Yerushalmi, Alexander Lobanov, Almog Sarusi et Ori Danino ont été découverts dans un tunnel vers Rafah, dans le sud de l’enclave palestinienne, à plusieurs dizaines de mètres de profondeur, alors que l’armée israélienne menait des opérations dans la zone. Selon les éléments d’autopsie rendus publics dimanche par le ministre de la santé, les otages ont été tués « à bout portant », – exécutés, donc par le Hamas ou ceux qui les détenaient –, « entre jeudi et vendredi matin ».
Devant le bureau de Benyamin Nétanyahou, le premier ministre, la foule grossit. Il y a les drapeaux israéliens habituels, les portraits d’otages, sur fond de sifflets, de cris et de pleurs, avec la sono poussée à plein volume, et les appels à la démission du chef du gouvernement. Celui-ci préside, en cette soirée, un conseil des ministres. Chacun, dans la foule, l’accuse de porter une responsabilité dans la mort des otages de Gaza, faute de vouloir « arrêter la guerre, maintenant », comme cela est scandé à pleine voix.
Descendre dans la rue
Après onze mois de conflit, les bombardements et opérations de l’armée israélienne ont fait 40 738 morts à Gaza selon le ministère de la santé sous contrôle du Hamas – en majorité des femmes et des mineurs selon l’ONU. Une partie des familles d’otages accusent le gouvernement israélien de saborder toute possibilité d’accord avec le mouvement islamiste palestinien. Le processus de négociation est paralysé par des contradictions entre les exigences du Hamas et celles d’Israël, malgré les efforts de médiation des Etats-Unis, du Qatar et de l’Egypte. Il reste, selon l’armée israélienne, 101 otages à Gaza. Un certain nombre d’entre eux – au moins une trentaine, voire plus – sont déjà morts.
Depuis plus de dix mois, Tessa Shrem et Riki Fishel ont été de toutes les manifestations de soutien aux familles. Ce soir, espèrent-elles, quelque chose est en train de changer. Pour la première fois depuis le 7 octobre 2023, les syndicats ont décidé de rallier le mouvement de protestation. La centrale syndicale Histadrout a lancé un mot d’ordre de grève générale débutant lundi, à 6 heures du matin. « Toute l’économie israélienne sera en grève générale », a déclaré dimanche le chef de la centrale, Arnon Bar-David, en ajoutant : « Nous devons faire cesser cet abandon des otages. »
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