NICOLAS TUCAT / AFP
Le nombre de décès a augmenté de 49 % pour les personnes nées à l’étranger mais vivant en France en mars-avril 2020 par rapport à la même période l’année dernière.
IMMIGRATION – Il y a trois ans, la France était à l’arrêt. La faute au premier confinement déclenché par l’épidémie de Covid-19. Le nombre de décès dans le pays a particulièrement augmenté dans les semaines et mois qui ont suivi… notamment celui des immigrés, toutes causes confondues, selon un rapport de l’Insee qui dresse un état des lieux de l’immigration, paru ce jeudi 30 mars 2023.
Pour les personnes nées en France, ce nombre s’est accru de 23 % en mars‑avril 2020 par rapport à la même période en 2019. Mais il a augmenté de 49 % pour celles nées à l’étranger mais vivant dans le pays. L’Insee précise au HuffPost qu’environ 80 % de ces personnes sont des immigrés, les 20 % restant étant par exemple des personnes françaises nées à l’étranger.

Cette hausse de la mortalité est particulièrement plus forte pour les personnes nées en Asie (+ 92 %), au Maghreb (+ 55 %) et dans les autres pays d’Afrique (+ 117 %). « Dans les régions les plus touchées lors de la première vague (Grand Est et Île‑de‑France), la mortalité était 8 à 9 fois plus élevée pour les personnes de 40 à 69 ans nées en Afrique subsaharienne que pour celles nées en France », note également cette étude.
L’une des causes avancée par le rapport ? « Les personnes nées à l’étranger sont surreprésentées dans les métiers ’essentiels du quotidien’ », explique l’Insee qui cite un exemple : « En Île‑de‑France, en 2017, 30 % des travailleurs de ’premières lignes’ étaient des immigrés, alors qu’ils représentaient 23 % des actifs occupés. » Beaucoup de ces travailleurs n’ont pas arrêté leur activité pendant le premier confinement et ont été exposés au virus.
Pénibilité et précarité
Selon le rapport, les immigrés qui représentent 10 % de la population française (contre 6,5 % en 1968) occupent plus souvent des postes peu qualifiés, qui sont associés à des salaires plus bas et à des conditions de travail plus difficiles. En 2021, 42 % des femmes immigrées nées hors de l’Union européenne travaillent comme employées ou ouvrières peu qualifiées. Soit plus du double que les femmes ni immigrées ni descendantes d’immigrés (20 %). On retrouve ces mêmes disparités chez les hommes : 39 % des immigrés sont ouvriers, soit davantage que ceux sans ascendance migratoire (29 %).

Les contrats de travail sont également plus précaires : 13 % des immigrés sont employés sous des contrats de type CDD ou intérim contre 9 % des personnes sans ascendance migratoire directe. Le temps partiel est également plus fréquent chez les personnes nées à l’étranger et vivant en France : de l’ordre de « 37 % des immigrées et 42 % des immigrés, contre respectivement 25 % et 28 % des femmes et des hommes sans ascendance migratoire directe ».
« En conséquence, les femmes et les hommes immigrés sont près de deux fois plus souvent en sous‑emploi (respectivement 15 % et 7 %) que les personnes sans ascendance migratoire directe (8 % et 4 %) », détaille l’Insee.
Mais d’autres raisons expliquent cette disparité de mortalité : les immigrés, notamment ceux d’origine africaine, sont surreprésentés dans les grandes agglomérations urbaines qui ont été les régions les plus touchées par les premières vagues de Covid-19 – Île‑de‑France, Grand Est et Auvergne Rhône‑Alpes. Leurs conditions de logement, l’accès difficile aux soins et la prévalence plus importante de comorbidité les rendent également plus vulnérables à l’épidémie, ajoute le rapport.
À voir également sur Le Meridien :