HECTOR RETAMAL / AFP
L’agence européenne chargée des épidémies a estimé ce vendredi 13 janvier que le variant XBB.1.5 devrait devenir dominant en Europe d’ici un mois ou deux. (Illustration : Un agent de santé prélève un échantillon par écouvillonnage sur un homme pour tester le coronavirus Covid-19, à Shanghai, le 9 décembre 2022.)
SANTÉ – XBB.1.5 va-t-il s’imposer prochainement ? Oui, d’après l’agence européenne chargée des épidémies. L’ECDC estime ce vendredi 13 janvier que ce sous-variant de la famille d’Omicron, qui est majoritaire parmi les cas de Covid-19 dépistés aux États-Unis, devrait devenir dominant en Europe d’ici « un mois ou deux ».
Mais rassurez-vous, ce sous-variant, qui a été détecté pour la première fois outre-Atlantique en octobre et qui est le vecteur le plus contagieux du nouveau coronavirus connu à ce jour, représente un risque « faible pour la population dans son ensemble ». Et ce d’après la dernière évaluation publiée par l’agence européenne. Le Meridien fait le point sur ce que vous devez savoir d’XBB.1.5.

Il s’agit en fait d’une nouvelle ramification du variant Omicron qui dispose d’une particularité bien à elle : le virus présente une mutation sur la désormais célèbre protéine Spike qui lui permet de contourner les mécanismes de défense de l’organisme, explique à la BBC le professeur Wendy Barclay, chercheuse à l’Imperial College de Londres.
Il serait en outre l’un des variants les plus résistants aux anticorps accumulés lors de la vaccination et d’infections antérieures, selon l’OMS. Mais d’après l’expert américain Eric Topol, de nouvelles recherches ont toutefois montré que les vaccins bivalents du Covid pouvaient continuer de se montrer efficaces contre à lui.
S’il n’a pas encore de petit nom, car l’OMS a décidé de ne pas nommer les sous-variants d’Omicron d’après les lettres de l’alphabet grec, sur Twitter, il a été affublé de l’inquiétant surnom « Kraken » (une pieuvre géante des légendes scandinaves, ndlr). « Je pense que cela peut causer des inquiétudes inutiles d’associer un virus à une créature marine géante mythique ! », réagit d’ailleurs Grace Roberts, virologue à l’université britannique de Leeds.

- Un rythme de progression rapide
Les propriétés de mutation de ce sous-variant en font donc « le plus transmissible à ce jour », a indiqué cette semaine Maria Van Kerkhove, responsable technique de l’OMS en charge du Covid. XBB.1.5 présente effectivement un avantage de croissance proche de 140 % par rapport aux lignées précédemment en circulation, précise un article du Parisien. En d’autres termes, cela signifie qu’il se propage beaucoup plus vite que les variants précédents.
En moins d’un mois, sa part au sein des nouveaux cas de Covid est passée de 2,5 % à plus de 27 % des infections aux États-Unis, selon l’ECDC. C’est pourquoi, le journaliste scientifique Nicolas Berrod explique dans un fil Twitter que le variant XBB1.5 pourrait rapidement devenir majoritaire par rapport à BQ.1.1 en France.
Les variants #Omicron CH.1.1 et surtout XBB.1.5 ont l’avantage de croissance le plus élevé par rapport à BQ.1.1 (to… https://t.co/z0eyK6UuXi
— Nicolas Berrod (@nicolasberrod)
À l’échelle de l’Europe, « les modèles mathématiques de l’ECDC indiquent que XBB1.5 pourrait devenir dominant dans (…) d’ici un à deux mois, du fait du faible nombre de cas actuellement rapportés » sur le continent « et de son rythme de progression », confirme d’ailleurs l’agence de santé en charge de ces calculs.

Au total, 38 pays ont déjà signalé des cas de XBB.1.5, 82 % ayant été dépistés aux États-Unis, 8 % au Royaume-Uni et 2 % au Danemark, a fait savoir mercredi l’Organisation mondiale de la santé. L’ECDC a, elle, nuancé dans la semaine en expliquant que XBB.1.5 ne représentait pour l’heure que 2,5 % des cas en Europe. Une proportion qui devrait augmenter.
- Pour qui est-il réellement dangereux ?
En revanche, s’il est très contagieux, ce variant n’en est pas pour autant plus dangereux pour la majorité des individus. Selon l’agence épidémique européenne, « il n’y a actuellement pas d’indice selon lequel la gravité de l’infection par le XBB.1.5 serait différente de celle des autres sous-lignages d’Omicron ». Il ressemble beaucoup à son prédécesseur XBB.1, mais présente une mutation supplémentaire de sa protéine Spike, la fameuse clé d’entrée dans l’organisme dont dispose le virus que nous évoquions plus haut.
Maria Van Kerkhove, la responsable technique de l’OMS pour le Covid-19, a pourtant précisé dans son communiqué que « rien n’indique que le variant provoquerait une maladie plus grave ». L’Organisation mondiale de la Santé continue justement d’évaluer les données mais, pour le moment, elle juge également que XBB.1.5 ne porte aucune mutation connue pour augmenter la gravité de la maladie.

L’organisation internationale spécialiste des vaccins Gavi abonde, elle aussi, dans ce sens. Selon ses analyses, chez une population vaccinée, « les symptômes de XBB.1.5 semblent ressembler davantage à ceux du rhume qu’à ceux de la grippe ». Le risque est toutefois « modéré à élevé » pour « les personnes vulnérables telles que les personnes âgées, non vaccinées ou immunodéprimées », selon cette organisation européenne basée à Stockholm. Néanmoins, à entendre l’ECDC, « de nombreuses zones d’ombre existent avec XBB.1.5 et cette évaluation pourrait changer dans les prochaines semaines ». La preuve, s’il en fallait une, que la pandémie de Covid n’est toujours pas terminée, trois ans avoir commencé.
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