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Le nombre de dépistage du VIH a augmenté de 8 % par rapport à l’année dernière.
SANTÉ – C’est une (petite) amélioration dans le dépistage du VIH. En 2021, 5,7 millions de tests sérologiques du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) – positifs comme négatifs – ont été enregistrés, selon Santé Publique France, qui dévoile ces chiffres ce mardi 28 novembre, à deux jours de la Journée mondiale de lutte contre le sida. C’est une augmentation de 8 % par rapport à l’année dernière. Mais c’est encore trop peu par rapport aux chiffres enregistrés avant la crise du Covid-19 – 6,1 millions.
Entre 2019 et 2020, le nombre de ces tests sanguins, réalisés en laboratoire, avait chuté de 13 %, après six ans de hausse. Un effet collatéral de la crise sanitaire du Covid-19 qui avait inquiété les acteurs de la lutte contre le sida.

En revanche, le nombre de séropositivités s’est stabilisé à 5 013 personnes en 2021, un chiffre très proche de celui de 2020 – 4 856, rappelle Le Parisien. Il avait dégringolé entre 2019 et 2020 (-22 %) avec la chute des dépistages. Selon Florence Lot, pilote de l’unité VIH/sida, hépatites B et C, IST à Santé publique France, cette baisse est aussi « possiblement » due aux mesures de distanciations sociales et à la fermeture des frontières.
Les personnes hétérosexuelles (hommes ou femmes) et les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) sont restés les catégories les plus touchées, représentant respectivement 51 % et 44 % des découvertes de séropositivité.
L’importance d’un dépistage précoce
Selon l’agence, la détection tardive d’une séropositivité représente « une perte de chance » pour la santé de la personne atteinte, mais aussi un risque d’augmenter la propagation de la maladie. En 2021, 29 % des infections à VIH ont été découvertes à un stade avancé de l’infection, une proportion qui ne diminue pas depuis plusieurs années. Or, « un dépistage précoce permet de bénéficier d’un traitement antirétroviral, de baisser la charge virale dans l’organisme et de ne plus transmettre le VIH à ses partenaires », a souligné Florence Lot lors d’un point presse.

Face à de multiples « freins au dépistage », Santé publique France rediffuse une campagne de communication avec le slogan « Vivre avec le VIH, c’est d’abord vivre », pour mieux faire connaître l’effet préventif des antirétroviraux et lutter contre les discriminations.
Un traitement à vie
Outre le dépistage, l’utilisation de la prophylaxie pré-exposition (PrEP), pilule préventive pour les personnes très exposées au VIH, reste en deçà des attentes. Selon Gilles Pialoux, vice-président de la Société française de lutte contre le sida, la PrEP « n’est pas assez diffusée » au-delà des homosexuels, malgré la possibilité désormais de la prescrire en médecine de ville et 40 000 utilisateurs en France.
Il a notamment pointé une proportion insuffisante de femmes ou de migrants dans les bénéficiaires de « ce traitement qui marche extrêmement bien » et « ne s’oppose pas au préservatif » . Plus de quarante ans après la première alerte sur le sida, le VIH reste « un virus vraiment hypercomplexe », pour lequel il est extrêmement difficile de trouver un vaccin qui pourrait fonctionner, a rappelé Michaela Müller-Trutwin, professeure et cheffe de l’unité « VIH, Inflammation et Persistance » à l’Institut Pasteur.

On ne guérit pas du VIH : les personnes séropositives doivent suivre un traitement à vie. « La trithérapie, très efficace, a transformé une maladie mortelle en infection chronique. Mais si on arrête le traitement, le virus rebondit en quelques semaines au même niveau », a-t-elle souligné.
De multiples études ont été lancées afin d’identifier de nouvelles molécules pour réguler le VIH dormant dans les cellules et de renforcer la réponse immunitaire des personnes vivant avec le virus. La recherche sur le sida continue et pourrait aussi, à terme, bénéficier de celles sur le Covid-19, et réciproquement, ont insisté les experts.
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