Cuba a abrogé la limite d’âge pour se porter candidat à l’élection présidentielle, dans une réforme constitutionnelle adoptée, vendredi 18 juillet, par le Parlement.
Cette limite avait été fixée à 60 ans, pour une première candidature, par la Constitution de 2019. La durée du mandat présidentiel, de cinq ans, renouvelable une fois, et l’âge minimum de 35 ans pour se présenter, restent inchangés.
« Le projet présenté par le Conseil d’Etat » vise à « ne pas limiter la possibilité pour des personnes en plein exercice de leurs facultés physiques et mentales, âgées de plus de 60 ans, avec une expérience enrichie par leur travail, une fidélité et un parcours révolutionnaire, ainsi qu’un fort engagement envers la Révolution, d’être élues pour assumer une telle responsabilité », a déclaré le président de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire, Esteban Lazo.
La réforme constitutionnelle a été adoptée à l’unanimité par les 440 membres présents du Parlement monocaméral, qui compte 470 sièges au total.
« Oui » sonore
Selon la session retransmise par la télévision d’Etat, chacun des députés présents s’est levé, chacun à son tour, pour approuver le projet de loi en lançant un « oui » sonore dans l’Hémicycle. Le député et ancien dirigeant Raul Castro, 94 ans, initiateur du projet de loi, a été le premier à approuver la nouvelle disposition qui entrera en vigueur pour l’élection présidentielle de 2028.
L’actuel président, Miguel Diaz-Canel, 65 ans, a été élu en 2018, puis réélu en 2023, au suffrage indirect. A Cuba, le président est choisi par les députés, eux-mêmes désignés lors d’une élection populaire où il y a toujours le même nombre de candidats que de sièges.
En 2019, l’inscription dans la Constitution de la limitation du mandat présidentiel et la limite d’âge avait constitué un tournant après soixante ans de pouvoir des frères Fidel puis Raul Castro. En 2006, Fidel Castro (1926-2016) avait été contraint de confier les rênes du pays à son cadet en raison de problèmes de santé. Il était resté quarante-sept ans au pouvoir. Raul Castro était devenu officiellement président de Cuba en 2008, à l’âge de 76 ans. Dès la fin de son premier mandat, il avait annoncé qu’il quitterait la présidence en 2018. En 2021, il avait cédé le poste de premier secrétaire du Parti communiste cubain (PCC) à Miguel Diaz-Canel.
L’île communiste de 9,7 millions d’habitants traverse sa pire crise économique depuis trois décennies, avec des pénuries en tous genres, des coupures d’électricité chroniques et une vague d’émigration sans précédent. Aux faiblesses structurelles de son économie planifiée et centralisée s’ajoutent l’échec d’une réforme monétaire récente et un renforcement de l’embargo américain.