La cheminée du four, haute d’une centaine de mètres, se voit de loin sur les routes de la campagne iséroise, à la frontière avec l’Ain. La cimenterie de Montalieu-Vercieu, propriété du groupe Vicat, est un site emblématique de l’industrie cimentière tricolore. Installée depuis 1922 au bord du Rhône, elle est la plus importante en France avec une capacité de production de 2 millions de tonnes par an, aujourd’hui loin d’être utilisée en totalité puisque le site ne produit que 1,2 million de tonnes en raison de la crise du secteur de la construction et de la chute de la demande. Mais c’est aussi l’une des usines les plus émettrices de dioxyde de carbone (CO2), avec autant de tonnes générées par an, soit 1,2 million.
Neuvième site industriel le plus émetteur sur les 50 répertoriés dans le pays par l’Etat, cette cimenterie de 40 hectares, qui compte une centaine d’employés, veut devenir la vitrine de Vicat en matière de décarbonation. Dernier groupe familial à capital français de la filière (10 000 salariés dans 12 pays, dont plus de 3 000 en France, et 3,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024), la société fondée par Louis Vicat (1786-1861), inventeur du ciment moderne en 1817, fait partie des poids lourds du secteur avec LafargeHolcim, Heidelberg Materials et Eqiom.
Près de 10 millions de tonnes de CO2 sont émises chaque année pour la production de ciment en France, soit environ 3 % des émissions totales du pays. Décarboner cette industrie est donc un enjeu crucial, mais c’est aussi un « pari difficile, risqué et coûteux », selon Réseau Action Climat. Les émissions du secteur ont certes baissé de 3,8 % en 2024 sur un an (dont 9,6 % pour Vicat), mais l’association précise que ce chiffre global « résulte avant tout du recul de la production, et non d’une transformation structurelle des procédés ».
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