Les Français ont exprimé dans les urnes leur souhait d’un changement de façon de gouverner. Peu importe sa couleur ou son ambition, le prochain exécutif sera sommé de porter des politiques d’intérêt général à large consensus. Un vœu pieux pour certains, tant les sujets de discorde sont nombreux. Pourtant, il existe une politique capable de réconcilier souveraineté économique, réindustrialisation, création d’emplois, préservation du pouvoir d’achat et urgence climatique : l’économie circulaire.
Loin d’être un sujet secondaire, l’économie circulaire consiste en l’utilisation prolongée des matières et produits, par l’écoconception, la réparation, le réemploi et, quand ce n’est plus possible, le recyclage. Une économie pleinement circulaire permettrait de réduire de 45 % l’empreinte carbone du pays, diminuerait notre dépendance aux importations de produits et matières premières stratégiques (et donc réduirait le déficit de notre balance commerciale), tout en créant des usines et des emplois en France.
Actuellement, 600 000 emplois sont déjà générés grâce à elle, dans des secteurs où l’alternative proposée par des produits neufs polluants est souvent fabriquée à l’autre bout du monde. En généralisant l’économie circulaire, ce sont 500 000 emplois supplémentaires qui pourraient être créés.
Et pour une fois, la France et ses entreprises possèdent dans ce domaine une avance stratégique et un savoir-faire pionnier (comme dans la réparation automobile et le reconditionnement de smartphones), notamment grâce à l’apport historique de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire (ESS), incarnée aujourd’hui par des start-up, des PME, des fleurons industriels, des associations et des collectivités. Cerise sur le gâteau : allonger la durée de vie des produits, les faire réparer ou acheter des produits réemployés plutôt que neufs permet également aux Français de réaliser des économies majeures.
Des perspectives encourageantes, mais tout reste à faire
Par exemple, les produits reconditionnés sont en moyenne 30 à 40 % moins chers que les produits neufs, et faire réparer ses produits permet une économie moyenne de 70 % par rapport au rachat neuf. Mais, visiblement, le sujet n’est pas assez politique et clivant pour percer dans le débat public. Pourtant, à l’heure où différentes sensibilités politiques doivent composer ensemble, l’économie circulaire est du pain bénit !
Les lois relatives à l’économie circulaire ont souvent été votées à l’unanimité des forces politiques en présence. Et on les comprend. Elle est une réponse efficace et concrète aux préoccupations majeures des Français : pouvoir d’achat, emplois locaux, souveraineté économique, environnement. Malgré ces perspectives encourageantes, tout reste à faire. Pour généraliser ces pratiques, nous, entrepreneurs, industriels, entreprises et associations de l’économie circulaire de tous secteurs, avons besoin, comme d’autres secteurs stratégiques en transition (ferroviaire, automobile, alimentaire…), d’une stratégie nationale pour devenir compétitifs et passer à l’échelon supérieur.
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