Dans les campagnes du Midwest, s’intercalent, entre les champs de maïs, silos à grains et marchands d’appareils agricoles, verts rutilants pour John Deere, une entreprise qui incarne l’alliance de l’agriculture et de l’industrie américaine. Seulement voilà, elle a annoncé, en juillet, qu’elle délocaliserait, d’ici à 2026, une partie de sa production de Dubuque, dans l’Iowa, à Ramos, dans le nord du Mexique.
La riposte de Donald Trump n’a pas tardé. « Je préviens John Deere en ce moment même : si vous faites cela, nous imposerons une taxe de 200 % sur tout ce que vous voudrez importer aux Etats-Unis », a menacé le candidat républicain, qui s’exprimait, mardi 24 septembre, depuis une ferme, devant deux tracteurs gigantesques de cette entreprise, à Smithton, en Pennsylvanie, Etat pivot de la campagne présidentielle en novembre. « Cela nuit à nos agriculteurs, cela nuit à notre industrie », a-t-il estimé.
Une semaine plus tôt, il avait agité la même menace à Detroit, dans l’Etat tout aussi décisif du Michigan, contre les constructeurs historiques américains voulant produire au Mexique. « Nous allons leur imposer un droit de douane de 200 %, ce qui signifie que [leurs véhicules] seront invendables aux Etats-Unis », a promis le milliardaire républicain, qui a répété : « Les tarifs douaniers sont la meilleure chose jamais inventée ».
Il a rabaissé ce taux à 100 % dans un discours économique prononcé mardi à Savannah, en Georgie, mais la direction est claire. Le candidat à un deuxième mandat compte relancer la guerre commerciale entamée au début de sa présidence et mise sur pause par Joe Biden, ce dernier ayant toutefois conservé l’essentiel des sanctions contre la Chine.
« Les dernières rêveries de Trump »
Donald Trump rêve de revenir au XIXe siècle, lorsque les droits de douane représentaient plus de 90 % des revenus de l’Etat fédéral jusqu’à la guerre de Sécession, et environ la moitié jusqu’à l’introduction de l’impôt sur le revenu (IR), en 1913. Son ambition, justement, est de supprimer ce dernier. C’est illusoire, les droits de douane représentant 2 % des revenus fédéraux, contre 49 % pour l’IR et 36 % pour les contributions à la Social Security – la retraite par répartition. Il n’empêche, Donald Trump a promis de taxer de 10 % à 20 % toutes les importations aux Etats-Unis et de 60 % celles en provenance de Chine.
Pour Jason Furman, économiste à l’université Harvard (Massachusetts), il s’agit « tout simplement d’une guerre commerciale généralisée en gestation » : « C’est quelque chose que Donald Trump pourrait mener tout seul, sans le Congrès », a déclaré l’ancien conseiller de Barack Obama, sur la chaîne CNBC.
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