Sans surprise, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) est le grand vainqueur des élections régionales qui se sont tenues, dimanche 1er septembre, en Thuringe et en Saxe, dans l’est du pays. Sans surprise non plus, les trois partis de la coalition d’Olaf Scholz ont été sévèrement sanctionnés. Sans surprise, enfin, les chrétiens-démocrates (CDU) ont plutôt bien résisté, ce qui, à un an des élections législatives du 28 septembre 2025, est un sérieux coup dur pour le chancelier social-démocrate (SPD), qui compte briguer un deuxième mandat.
Avec 32,8 % des voix, selon les résultats quasi-définitifs publiés dans la nuit de dimanche à lundi, l’AfD arrive en tête en Thuringe, où il progresse de 9,4 points par rapport à 2019. En Saxe, il recueille 30,6 % des suffrages, soit seulement 1,3 point de moins que la CDU (31,9 %). Aux dernières élections, l’ordre d’arrivée était le même, mais l’écart s’est resserré : dans cette région aussi, la dynamique est du côté de l’AfD qui, en cinq ans, a gagné 3,1 points alors que la CDU en a perdu 0,2.
Les grands perdants de ces élections – marquées par une participation de près de 75 %, en hausse de 8 points par rapport à celles de 2019 – sont les partis de la coalition « feu tricolore » au pouvoir à Berlin depuis 2021. Ils ne partaient pourtant pas de haut. Si le SPD de M. Scholz limite la casse en Saxe (7,3 %, −0,4), il recule en revanche de 2,2 points en Thuringe, où il atterrit à seulement 6,1 %. Avec 5,1 % des voix en Saxe (−3,5), les Verts se maintiendraient tout juste au-dessus de la barre des 5 % nécessaires pour être représentés au Parlement régional ; en revanche, ils ne compteront plus aucun député en Thuringe, où ils ne recueillent que 3,2 % (−2). Quant au Parti libéral-démocrate (FDP), sa débâcle est encore plus cuisante : déjà absent du parlement de Saxe depuis 2014, il est cette fois évincé de celui de Thuringe, où il obtient à peine 1 % des voix, un score divisé par quatre en cinq ans.
Si l’AfD est le grand gagnant de ces deux scrutins régionaux, un autre parti a de quoi se féliciter des résultats de dimanche : l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW). Fondée en janvier par cette ancienne dirigeante du parti de gauche Die Linke, par ailleurs députée du Bundestag, cette formation qui défend un programme très généreux sur le plan social, mais résolument conservateur sur les questions sociétales, recueille 11,8 % des voix en Saxe et 15,8 % en Thuringe.
Tractations compliquées
La principale victime collatérale de cette percée fulgurante est Die Linke. Lointain héritier du SED, qui dirigea la République démocratique allemande (RDA) de 1949 à 1989, ce parti en crise profonde s’effondre littéralement. En Saxe, ses 4,5 % (−5,9) ne lui permettent pas de rester représenté au Parlement régional de Dresde. En Thuringe, le seul des seize Länder du pays dont il tenait l’exécutif, Die Linke dégringole à 13,1 %, soit 18 points de moins qu’en 2019, et ce malgré la popularité du ministre-président sortant, Bodo Ramelow, dont le pragmatisme était apprécié y compris par ses adversaires.
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