Jordan Bardella était l’invité de Darius Rochebin sur LCI ce jeudi soir.
Le président du Rassemblement national a notamment évoqué le règlement de la guerre en Ukraine et les menaces du président américain sur les droits de douane.
Voici l’essentiel de cet entretien à retenir.
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La guerre commerciale de Donald Trump contre le reste du monde
Vladimir Poutine s’est dit ce jeudi favorable à un cessez-le-feu en Ukraine à condition que certaines « questions importantes » soient réglées. De Washington, Donald Trump a jugé « très prometteuse » mais « pas complète » la déclaration de son homologue russe, ajoutant que ce serait « très décevant pour le monde » si, in fine, la Russie rejetait ce plan. Le chef de l’État ukrainien Volodymyr Zelensky, les États-Unis et les Européens ont tous pressé Moscou de répondre à cette proposition formulée mardi après des pourparlers ukraino-américains en Arabie Saoudite et visant à faire arrêter les combats. « Nous sommes pour mais il y a des nuances », a déclaré le président russe au cours d’une conférence de presse au Kremlin.
Sur LCI ce jeudi soir, Jordan Bardella a défendu la vision du Rassemblement national sur la guerre en Ukraine comme sur d’autres sujets internationaux et nationaux. Voici ce qu’il faut retenir de son interview par Darius Rochebin.
Guerre en Ukraine
La Russie et l’Europe. Pour Jordan Bardella, « la Russie est une menace multidimensionnelle » et représente également « une menace hybride ». Pour autant, Moscou ne constitue pas une « menace existentielle », contrairement au « fondamentalisme islamiste et à la menace terroriste ».
Négociations de paix. Le député européen a estimé que 2025 « doit être l’année des négociations et l’année de la paix » afin que l’Ukraine « puisse avoir des garanties durables pour ne jamais revivre un 22 février 2022 », le jour où l’invasion russe a commencé. « Il faut que l’Ukraine puisse arriver dans les meilleures des conditions possibles à la table des négociations », a déclaré le président du RN. Il a plaidé pour « l’établissement d’une zone tampon entre l’Ukraine et la Russie qui serait placée sous l’égide des Nations unies, notamment sous l’égide des Casques bleus ».
La perte d’influence de l’UE. Le député européen du RN a critiqué l’effacement, selon lui, de l’Europe. « On a le sentiment que les Européens sont en train de sortir de l’histoire au point de disparaître des affaires qui se déroulent sur leur propre sol », a-t-il déploré. Pour Bardella, la guerre en Ukraine se règlera « très certainement entre le président américain et le président russe, non pas sur le sol européen mais depuis l’Arabie saoudite » alors que l’Ukraine a donné son accord mardi à la proposition américaine d’un cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie, après plus de huit heures de discussions.
Une nouvelle dissolution ?
De nouvelles élections législatives. Jordan Bardella a réitéré son souhait de voir une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale avant la fin du mandat d’Emmanuel Macron. « Il faudra revenir aux urnes », a déclaré le député européen. « Je souhaite qu’il y ait une dissolution, qu’on revienne au peuple, car on ne peut pas tenir deux ans dans cette situation », a-t-il affirmé. Par ailleurs, Jordan Bardella « n’entend pas être le collaborateur du président de la République » en cas de victoire du RN aux législatives, si elles avaient lieu, et donc de cohabitation avec Emmanuel Macron. « Si demain, je suis Premier ministre de cohabitation, je ne serai pas responsable devant le président de la République mais je serai responsable devant le Parlement, devant les députés », a-t-il souligné.
Un DOGE (nouvelle fenêtre)à la française ? Jordan Bardella a été interrogé sur le parallèle entre la situation aux États-Unis, où de nombreux fonctionnaires américains sont licenciés, et la France, afin de savoir s’il ferait des coupes budgétaires drastiques, comme Donald Trump et Elon Musk. « Il faut que l’on arrête de dépenser de l’argent dans tout et dans n’importe quoi », a jugé le président du RN. Si son parti « arrive à la tête du pays, il y aura un ministère chargé de l’Efficacité gouvernementale », a annoncé Jordan Bardella. Un intitulé qui ressemble comme deux gouttes d’eau au DOGE d’Elon Musk depuis janvier dernier, cette commission spéciale sur « l’efficacité gouvernementale » ou « Department of Government Efficiency » en anglais. « Il faut dégrossir la bureaucratie de l’État », a souligné le député européen sur notre antenne.
Menaces de Trump sur les taxes
S’inspirer de Trump. Le président américain a menacé ce jeudi d’imposer des droits de douane de 200% sur les vins et alcools de l’UE, si elle ne retirait pas les taxes de 50% annoncées sur le whisky et le bourbon américains, suscitant des craintes chez les professionnels du vin et des spiritueux français. Bruxelles a annoncé ces taxes mercredi en représailles aux surtaxes américaines de 25% sur l’acier et l’aluminium. « Si demain on veut rivaliser avec l’Amérique de Donald Trump (…) alors il faut faire pareil » en matière de taxes, a estimé Jordan Bardella ce jeudi soir. Il a dénoncé la « naïveté » des pays européens en matière de guerre commerciale et a défendu le « patriotisme économique ».
Une visite en Israël pleine de symboles. Le Rassemblement national a obtenu une invitation en Israël. Jordan Bardella s’y rendra les 26 et 27 mars prochain dans le cadre d’une conférence internationale sur l’antisémitisme conclue par le premier ministre Benyamin Netanyahou. Pour Jordan Bardella, cette invitation « atteste de la place du RN sur l’échiquier mondial ». « Nous apparaissons comme un bouclier pour nos compatriotes de confession juive », a estimé le président du RN. Son parti a pourtant longtemps été accusé d’antisémitisme, notamment à cause des nombreux propos antisémites de son fondateur, Jean-Marie Le Pen.