Au centre pénitentiaire de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 1er février 2022.

Le tribunal administratif de Nouvelle-Calédonie a ordonné, mardi 28 octobre, à l’administration pénitentiaire de prendre des mesures urgentes pour améliorer les conditions de détention, jugées contraires à la dignité humaine, au sein de la principale prison de l’archipel, située à Nouméa.

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Saisi par 50 détenus dans une procédure inédite, le juge des référés a estimé que la surpopulation et l’insalubrité du centre pénitentiaire de Camp-Est « portent une atteinte grave et manifestement illégale au droit de ne pas subir des traitements inhumains ou dégradants ».

Dans son ordonnance, le président du tribunal enjoint à l’administration « de prendre toutes les mesures qui apparaîtraient de nature à améliorer les conditions matérielles d’installation des détenus dormant sur des matelas posés à même le sol ». Il ordonne également « dans les plus brefs délais » de « remédier à la présence excessive de nuisibles » et « d’assurer la séparation du bloc sanitaire dans les cellules partagées ». L’Etat a également été condamné à verser 2 000 euros à chacun des plaignants au titre des frais de procédure.

« C’est une victoire pour les détenus du centre pénitentiaire de Nouméa », s’est félicité auprès de l’Agence France-Presse leur avocat, MCharly Salkazanov. « Le juge a reconnu l’indignité de leurs conditions de détention (…) L’union des détenus a fait la force. »

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Jusqu’à cinq détenus pour deux lits

Cette décision reste toutefois limitée. Le tribunal n’a pas assorti ses injonctions d’astreinte et n’a pas exigé qu’un lit soit attribué à chaque détenu, comme le demandaient les requérants. Le président du tribunal a estimé que la surpopulation carcérale, « pour inadmissible que soit celle-ci », ne relevait pas du juge des référés « compte tenu de l’ampleur du phénomène » et « de ce que l’administration pénitentiaire ne dispose d’aucun pouvoir de décision en matière de mises sous écrou ».

Lors de l’audience, le 22 octobre, la direction du Camp-Est avait reconnu que certaines cellules de 10 à 12 mètres carrés abritaient jusqu’à cinq détenus pour deux lits, et que la présence de nuisibles – cafards, rats, scolopendres – restait récurrente.

Le Camp-Est, plusieurs fois épinglé par la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, avait déjà fait l’objet de condamnations en 2023 pour non-exécution de travaux ordonnés par la justice.

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Le Monde avec AFP

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