Il fut en 2022 le premier condamné en Russie pour avoir dénoncé l’assaut contre l’Ukraine, puni à l’époque de sept ans de prison. L’opposant russe Alexeï Gorinov a été condamné à trois années supplémentaires pour « apologie du terrorisme », vendredi 29 novembre. « Je suis pour la paix, mais vous aimez la guerre », a lancé ce conseiller municipal de Moscou âgé de 63 ans au juge, après l’énoncé du verdict, selon le média indépendant Mediazona, spécialisé dans la couverture de la répression en Russie.
En juillet 2022, l’opposant au régime de Vladimir Poutine avait été la première personne condamnée à de la prison ferme pour « diffusion de fausse information » concernant l’armée russe, après avoir dénoncé « l’agression militaire en cours en Ukraine » lors d’un conseil municipal le 15 mars, retransmise sur YouTube. Ce, en vertu d’un article du code pénal entré en vigueur quelques semaines après l’attaque contre l’Ukraine de février 2022 et utilisé depuis par le régime de Vladimir Poutine pour faire taire toute critique du conflit.
Dans cette nouvelle affaire, M. Gorinov était jugé pour avoir eu des conversations avec des codétenus dans un hôpital de la prison où il était soigné pour une pneumonie en janvier 2023. Selon l’accusation, il aurait justifié les frappes ukrainiennes sur le pont de Crimée, une importante infrastructure qui relie la Russie à la péninsule annexée, et les actions de deux unités militaires ukrainiennes déclarées « organisations terroristes » en Russie, la brigade Azov et le régiment Kraken. Son avocat a cependant expliqué vendredi que, compte tenu du système d’application des peines russe, M. Gorinov pourrait ne pas purger la totalité des deux peines cumulées.
« Arrêter le massacre sanglant et inutile »
Avant le verdict, Alexeï Gorinov avait une nouvelle fois appelé à « arrêter le massacre sanglant et inutile » en Ukraine, selon un discours retransmis par le média indépendant SotaVision. « N’est-il pas temps de laisser nos voisins en paix et de régler nos propres problèmes ? », a-t-il déclaré, ajoutant : « Ma culpabilité réside dans le fait que, en tant que citoyen de mon pays, j’ai permis cette guerre et n’ai pas su l’arrêter. »
L’opposant portait un signe de paix dessiné sur un bout de papier et accroché sur son uniforme de prisonnier. Lors de la première audience de ce nouveau procès, M. Gorinov avait brandi une pancarte avec les mots « Arrêtez de tuer ! Arrêtons la guerre ! ». Il avait aussi dénoncé la « persécution des citoyens qui expriment leurs opinions » en Russie.
La répression en Russie a jeté des centaines, voire des milliers de personnes en prison, en raison de leur opposition à l’assaut russe contre l’Ukraine. Des personnes sont régulièrement condamnées à de très lourdes peines pour « trahison », « sabotage » ou « extrémisme ». Les agences russes ont rapporté vendredi, citant les services de sécurité (FSB), les condamnations de quatre personnes à des peines allant de six à dix-sept ans de prison pour avoir tenté d’incendier un bureau de recrutement de l’armée russe.