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La maladie hémorragique épizootique (MHE), surnommée le « covid de la vache » en Espagne, se transmet par des moucherons piqueurs. (Photo d’illustration)
AGRICULTURE – Fièvre, amaigrissement, difficultés respiratoires… Voici les symptômes de la nouvelle menace sanitaire qui inquiète les éleveurs de bovins. Il s’agit de la maladie hémorragique épizootique, aussi connue sous l’abréviation MHE, et parfois surnommée « le Covid de la vache », notamment en Espagne.
Voici ce que l’on sait de ce virus, qui a été détecté par les autorités sanitaires dans une vingtaine d’élevages en France après s’être déjà répandu dans la quasi-totalité des provinces espagnoles.

Quels sont les symptômes de la MHE ?
La MHE affecte principalement les cervidés et les bovins. Elle provoque donc amaigrissement, lésions buccales, difficultés respiratoires, boiterie. Les animaux contaminés peuvent aussi présenter des signes de fièvre.
Chez les cervidés, cette maladie peut déclencher un syndrome hémorragique, c’est-à-dire des saignements internes importants, d’où son nom. Chez les bovins, elle n’est mortelle que dans moins de 1 % des cas.
Cette maladie, qui n’est pas transmissible à l’homme, contamine les animaux via des moucherons piqueurs, du genre des culicoïdes. Ce sont ces mêmes moucherons qui étaient par exemple à l’origine de la propagation de la fièvre catarrhale ovine (FCO).

D’où vient cette maladie ?
La MHE a été identifiée pour la première fois aux États-Unis en 1955. En Europe, elle circule depuis 2022 en Italie, au Portugal, en Espagne. Et elle est désormais remontée jusqu’en France.
« On ne peut pas ignorer le lien entre le réchauffement climatique et la diffusion de ces maladies vectorielles, qui nécessitent certaines conditions climatiques », estime auprès de l’AFP Stéphan Zientara, directeur du laboratoire de santé animale de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
« Il y a trente ans, quand j’étais étudiant, ces virus étaient connus, mais l’Europe en était complètement indemne, poursuit le vétérinaire et virologue. Aujourd’hui, ils sont bien présents sur le continent et on voit leur aire de répartition remonter vers le nord », a-t-il ajouté.

Quels sont les élevages concernés ?
La France compte actuellement dix-neuf foyers de MHE, selon le ministère de l’Agriculture. Ils sont situés dans les élevages bovins des Pyrénées-Atlantiques (trois foyers) et des Hautes-Pyrénées (16 foyers).
Le gouvernement a mis en place une zone de surveillance dans plusieurs départements : les Landes, les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées, le Gers, la Haute-Garonne et l’Ariège, et concerne également une partie de la Gironde, du Lot-et-Garonne, du Lot, du Tarn-et-Garonne, du Tarn, de l’Aude et les Pyrénées-Orientales.
Le nombre de cas en France reste minime par rapport à ceux enregistrés en Espagne. Le dernier bulletin du ministère de l’Agriculture espagnol indique que le pays compte plus d’une centaine de foyers de contaminations, comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessous.


Ministère de l’agriculture Espagnol
Une centaine de foyers de MHE ont été identifiés en 2023 en Espagne.
Comment soigner les bovins contaminés ?
Il n’y a pas à ce jour de vaccin contre la MHE, ni de traitement. Raison pour laquelle le gouvernement cherche à limiter les contaminations avec un protocole strict. Depuis le 1er octobre, pour tout élevage contaminé, un périmètre de sécurité d’un rayon de 150 kilomètres doit être mis en place et les bêtes ont interdiction de sortir de l’élevage.
« Tout animal amené à quitter la zone réglementée liée aux foyers confirmés de cette maladie devra avoir fait l’objet au préalable d’un test de dépistage en laboratoire attestant l’absence de contamination, en complément de la désinsectisation déjà prévue », indique le ministère de l’Agriculture.
En effet, le seul moyen de savoir si un animal est contaminé à la MHE est d’effectuer un test PCR. Problème : celui-ci demande un temps d’analyse particulièrement long. « Un animal contaminé peut déclarer la maladie sous dix jours et une fois que les prélèvements sont faits, il faut attendre dix jours avant d’avoir les résultats des analyses auprès du laboratoire », indique ainsi Cédric Abadia, le vice-président de la chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées auprès de France Bleu Béarn.
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