GAIZKA IROZ / AFP
Cette photo montre des canetons dans une ferme à Lohitzun-Oyhercq, dans le sud-ouest de la France, le 25 mai 2021.
ALIMENTATION – Éviter à tout prix une nouvelle année catastrophe dans les élevages. C’est l’intention du gouvernement, qui déploie à partir de ce lundi 2 octobre un plan de vaccination obligatoire des canards contre la grippe aviaire. Une première en France, qui doit permettre d’éviter d’abattre les volailles par dizaines lorsque l’une d’entre elles se trouve contaminée par le virus.
Toutes les exploitations de plus de 250 canards de France hexagonale sont concernées, avec un objectif de vacciner environ 60 millions de canards d’ici à l’été prochain. De quoi sécuriser la production de foie gras, de magret et d’aiguillettes, plombée par l’influenza aviaire ces cinq dernières années.

Pour cela, les éleveurs vont devoir injecter deux doses à leurs canards, ou plutôt à leurs canetons puisque le vaccin doit être administré au 10e puis au 28e jour de vie du palmipède. « Les éleveurs ont généralement l’habitude » du geste, car ils vaccinent déjà leurs canards contre d’autres infections, relève auprès de l’AFP Jocelyn Marguerie, président de la commission aviaire de l’association de vétérinaires pratiquant en élevage SNGTV.
Des vaccins allemands pour protéger les canetons
« L’immunité commence à s’installer à partir de la première vaccination. Elle est pleine et entière un mois après la deuxième administration », soit en décembre pour les premiers vaccinés, précise-t-il. Les premiers vaccins utilisés dès ce lundi viennent du laboratoire allemand Boehringer Ingelheim, qui a remporté l’appel d’offres du gouvernement.
Les 80 millions de doses commandées par l’État ne sont qu’un premier pas, un second appel d’offres va donc être lancé. Il n’y a « pas d’effet secondaire » pour le vaccin qui « a déjà fait ses preuves ailleurs », en Asie et au Moyen-Orient, où il est surtout administré aux poules, assure Jocelyn Marguerie.

Le coût de cette campagne est estimé à près de 100 millions d’euros pour 2023-24, qui doivent être pris en charge à 85 % par l’État et 15 % par les filières de production. Un montant élevé mais qui paraît bien maigre par rapport aux pertes générées par les épidémies ces dernières années.
Une filière abîmée par l’influenza depuis 5 ans
La grippe aviaire est devenue endémique en France, c’est-à-dire qu’elle sévit de manière chronique, décimant la faune sauvage d’un côté et faisant tout perdre aux éleveurs de l’autre. Depuis 2017, les épidémies d’influenza aviaire s’enchaînent chaque fois plus virulentes.
Ainsi en 2022, la France a connu sa pire année de grippe aviaire ; 2 millions de volailles ont dû être abattues. Le virus s’était répandu non seulement dans les élevages de canards et de poules, mais aussi jusque dans les couveuses de canetons.

Résultat : plusieurs élevages avaient tourné à moitié vide, d’autres ont été contraints de mettre la clé sous la porte. Le foie gras, produit phare des fêtes de fin d’année était alors devenu plus rare, et donc plus cher, comme Le Meridien l’expliquait dans cette vidéo.
Pour se protéger du virus, les volailles avaient dû être confinées dans des conditions drastiques, et bon nombre d’entre elles abattues. À chaque crise, le gouvernement indemnise les éleveurs, mais cette réponse n’était pas durable. Exemple avec la crise de 2021-22 qui avait coûté au moins 650 millions d’euros aux finances publiques, dont une grande partie pour rembourser les éleveurs dont les animaux ont été euthanasiés pour endiguer la propagation du virus.
Avec la vaccination, « on est confiant sur le fait qu’on ne devrait pas avoir des grandes vagues épizootiques et donc des abattages préventifs massifs », indique Jean-Luc Guérin, chercheur à l’Inrae, sur France Info. Le risque d’infection et de transmission du virus va être minimisé mais les élevages ne sont pour autant ils ne seront pas totalement immunisés : « on ne peut pas exclure qu’il y ait des foyers ponctuels d’introduction directe par la faune sauvage, puisqu’évidemment le réservoir dans la faune sauvage, lui, n’est pas accessible à la vaccination ».
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