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La recharge des nappes phréatique aurait dû débuter au mois de septembre, c’était sans compter des températures et des pluies insuffisantes. Photo d’illustration.
ENVIRONNEMENT – « Quasiment aucune pluie depuis début octobre ». C’est le constat, inquiétant, que dresse Météo France ce jeudi 12 octobre. Après un mois de septembre record, le plus chaud jamais enregistré en France et dans le monde, le mois d’octobre enregistre lui aussi un temps inhabituellement sec et chaud. Conséquence : la sécheresse s’aggrave encore d’un cran sur la métropole.
Les nappes phréatiques, déjà à un niveau très bas depuis plusieurs mois, auraient dû commencer leur recharge lors de ce mois de septembre. L’inhabituelle chaleur automnale et les pluies insuffisantes en ont décidé autrement, et ce scénario inquiète déjà pour 2024.

Ainsi au 1er octobre, 66 % des nappes métropolitaines étaient encore sous les normales, une situation légèrement plus dégradée qu’à la fin août (62 % sous les normales), a annoncé dans son dernier bulletin publié ce jeudi le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM).
Néanmoins « la situation est globalement plus favorable que celle observée l’année dernière, en septembre 2022, où 74 % des niveaux étaient mesurés sous les normales », souligne l’organisme chargé de la surveillance des principales réserves d’eau potable métropolitaine.
Deux tiers des départements dans le rouge
Pour autant la situation reste anormale. Selon le site Propluvia, environ les deux tiers des départements métropolitains sont au moins en partie au niveau rouge de crise pour la sécheresse, entraînant d’importantes restrictions d’accès à l’eau.

Le scénario de septembre est d’autant plus inquiétant que l’automne est une « période charnière ». Avec la survenue des premières précipitations importantes et la chute des températures, le mois septembre marque habituellement le début de la reprise de la recharge.
Problème, cette année, « la part des pluies infiltrées en profondeur reste faible en raison de précipitations insuffisantes et d’épisodes orageux localisés et intenses favorisant le ruissellement. De plus la végétation est encore active, du fait de températures élevées, et consomme une partie de l’eau infiltrée », souligne le BRGM.
Selon Météo-France, le mois de septembre 2023 poursuit une série de presque deux ans au-dessus des normales de saison. Sur la métropole, le mois s’est terminé « entre 3,5 et 3,6 °C » au-dessus de la période de référence 1991-2020, « avec une température moyenne de 21,5 °C » environ, avait annoncé le prévisionniste national le 29 septembre.

Pas de remontée des nappes en octobre ?
Plus encore, en octobre, cette chaleur inhabituelle et « exceptionnelle » s’est poursuivie, avec la barre des 30 degrés régulièrement franchie sur les 10 premiers jours du mois. Sans compter que « depuis le début du mois, il n’a quasiment pas plu » après un déficit de précipitations en moyenne de 20 % en septembre, favorisant une « tendance à l’assèchement » des sols, ajoute jeudi Météo-France.
« Les températures douces risquent de repousser la mise en dormance de la végétation » et par conséquent la recharge des nappes, estime le BRGM. « Le début de la période de recharge reste donc très incertain pour le mois d’octobre », conclut l’organisme. Or ce sont de ces niveaux de recharge automnaux et hivernaux que dépendra la situation de l’an prochain.
« Sur les nappes affichant des niveaux très bas à l’étiage », période où les niveaux sont les plus bas avant l’entame de la recharge, comme celles de la Sundgau en Alsace et du couloir Rhône-Saône, « il semble très peu probable de compenser les déficits accumulés depuis plusieurs années et de retrouver des niveaux au-dessus des normales en 2024 », avertit le BRGM. Un hiver pluvieux est essentiel pour retrouver un niveau satisfaisant des nappes d’ici le printemps prochain.
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