Un an après les inondations ayant fait 229 morts dans l’est de l’Espagne, le président de la région de Valence, Carlos Mazon, cible des critiques depuis la catastrophe, a annoncé sa démission, lundi 3 novembre. « Je n’en peux plus », a-t-il lâché au terme d’une conférence de presse d’une vingtaine de minutes durant laquelle ce dirigeant du Parti Populaire (PP, droite) n’a cessé de se défendre et d’accuser ses détracteurs, en particulier le gouvernement de gauche de Pedro Sanchez.
« J’en appelle à cette majorité pour élire un nouveau président de la Generalité (…) Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais démissionné il y a longtemps », a déclaré M. Mazon. « Il y a eu des moments insupportables pour moi, mais surtout pour ma famille (…) Je n’en peux plus », a expliqué le président régional, cinq jours à peine après avoir été la cible d’insultes de la part de proches des victimes des inondations, lors des funérailles d’Etat.
Mercredi, M. Mazon avait, en effet, tenu à se rendre à la cérémonie d’hommage aux 230 personnes disparues, malgré les appels lancés par les familles de victimes pour qu’il ne vienne pas. Mais il ne s’est pas risqué à saluer les habitants, dont la colère ne semblait pas être retombée un an après. M. Mazon a été agoni d’insultes par certains membres de l’assistance, le traitant d’« assassin », de « lâche » et apppelant à sa « démission », voire à l’envoyer « en prison ».
« Dissimuler les responsabilités du gouvernement »
Depuis un an, Carlos Mazon, qui a changé plusieurs fois de version sur ses activités le jour du drame, était dans la tourmente et des milliers d’habitants de la région réclamaient tous les mois son départ lors de manifestations. « J’ai commis des erreurs et je devrai vivre avec toute ma vie, mais aucune n’était calculée à des fins politiques », a-t-il assuré.
Reconnaissant des « erreurs », M. Mazon a admis lundi qu’il aurait dû annuler ses rendez-vous lors de cette tragique après-midi : « J’aurais dû avoir la vision politique d’annuler mon agenda et d’aller là-bas. »
Mais son mea culpa s’est accompagné de nouvelles critiques à l’égard du gouvernement central du socialiste Pedro Sanchez : « Le bruit autour de moi est l’excuse parfaite pour dissimuler les responsabilités du gouvernement, tant dans les informations erronées qu’ils ont transmises le 29 octobre, que dans le retard de l’acheminement de l’aide les jours suivants. »
Gestion désastreuse
De nombreuses questions demeurent sur la gestion désastreuse de la catastrophe par le gouvernement de droite de la région, et notamment où se trouvait M. Mazon quand aurait dû être prise, selon les victimes, la décision d’envoyer une alerte à la population, finalement lancée très tardivement, dans la soirée.
Le message prévenant la population du danger et l’exhortant à se mettre à l’abri n’a été envoyé qu’à 20 h 11 (soit plus de douze heures après l’alerte rouge de l’agence météorologique), quand de nombreuses victimes avaient déjà perdu la vie, et reste à l’origine de l’hostilité populaire à l’encontre de M. Mazon.
Cet avocat de formation a d’abord caché qu’il avait passé quatre heures – de 14 h 45 à 18 h 45 – à déjeuner dans un restaurant avec une journaliste pour, selon ses dires, lui proposer un poste. La femme avec qui il a déjeuné, Maribel Vilaplana, est entendue lundi matin par la juge chargée de l’enquête sur les inondations. La journaliste est récemment sortie de son silence et a révélé que le président régional l’avait raccompagnée jusqu’à sa voiture, dans un parking situé à l’opposé du siège de la présidence.
En tant que président régional, M. Mazon bénéficiait jusqu’ici d’une immunité lui évitant d’être interrogé et inquiété par le tribunal ordinaire qui instruit l’affaire, alors que son ancienne conseillère pour les situations d’urgence, elle, a été mise en examen.










