Le syndicat des dockers de grands ports de la côte Est des États-Unis (ILA) a annoncé mardi une grève après l’échec de négociations salariales.
Les travailleurs disent être prêts à « se battre aussi longtemps que nécessaire ».
Cet arrêt de travail pourrait coûter plusieurs milliards de dollars, à quelques semaines seulement de l’élection présidentielle.
Un bras de fer qui tombe mal. À cinq semaines de l’élection présidentielle américaine, les dockers de la côte Est ont annoncé mardi se mettre en grève. « Nous sommes prêts à nous battre aussi longtemps que nécessaire, à rester en grève le temps qu’il faudra, pour obtenir les salaires et protections que nos adhérents méritent », a prévenu, dans un communiqué, le patron du syndicat ILA, Harold Daggett, à la tête de quelque 85.000 dockers américains. L’organisation a précisé que « tous les ports entre le Maine (nord-est) et le Texas (sud) étaient à l’arrêt », soit la première grève d’ampleur sur la côte américaine depuis 50 ans.
Cet arrêt généralisé du travail intervient dans un contexte où les discussions avec l’Alliance maritime des États-Unis (USMX), qui représente les employeurs de 36 ports disséminés entre le Maine et le Texas, sur le Golfe du Mexique et en Floride (sud-est), « sont dans l’impasse ». Le nœud du problème est le refus, selon le syndicat ILA, de toute discussion depuis des semaines de la part du patronat, empêchant de ce fait une entente sur le nouvel accord de six ans. « Les membres de l’ILA méritent d’être compensés pour l’important travail qu’ils accomplissent afin que le commerce américain continue de circuler et de grossir. Or ces mêmes membres continuent d’être paralysés par l’inflation à cause de rémunérations injustes », fustige-t-il.
Plusieurs milliards de dollars de pertes hebdomadaires
Pour rappel, l’accord social liant patronat et salariat dans les ports de la côte Est et du golfe du Mexique pour six ans a expiré ce lundi, à 23h59 lundi (05h59 mardi, en France). Cela concerne 25.000 adhérents, travaillant dans les terminaux de quatorze grands ports (Boston, New York, Philadelphie, Baltimore, Savannah, Miami, Tampa ou encore Houston). De leur côté, les ports de la côte ouest restent couverts par un accord social distinct conclu en 2023.
Ce conflit social pourrait amputer, chaque semaine, le PIB américain de 4,5 à 7,5 milliards de dollars, selon Oxford Economics. Par ailleurs, la première semaine de débrayage devrait coûter 2,1 milliards de dollars, dont 1,5 milliard en marchandises perdues (comme des denrées périssables), calcule le cabinet Anderson Economic Group (AEG). Une épine non-négligeable dans le pied de l’administration Biden , à cinq semaines de l’élection présidentielle américaine. D’ailleurs, le chef d’État a appelé les deux parties à mener des négociations « rapides et équitables » pour limiter les conséquences économiques.
À noter que les constructeurs automobiles devraient fortement pâtir de cette situation, les ports de Baltimore et de Géorgie servant d’entrée aux pièces détachées et de sortie aux véhicules. De même, le groupe de logistique DHL, qui a constaté une « forte demande » pour ses services de fret aérien, a activé « plusieurs plans de secours » pour ses propres acheminements, notamment l’utilisation de ports et de moyens de transport alternatifs. En revanche, le transport d’hydrocarbures et de produits agricoles, ou encore les croisières, ne devraient être que très faiblement, voire pas du tout, affectés.