Le réseau social X est bloqué au Brésil depuis samedi 31 août, après une décision du Tribunal suprême fédéral brésilien. Les internautes qui s’y connecteraient en utilisant un réseau privé virtuel (VPN) sont passibles d’une amende de 50 000 reais (8 000 euros). A l’origine de cette décision : un bras de fer entre la justice brésilienne, qui demandait le blocage de sept comptes, et X, qui a préféré fermer son bureau dans le pays pour tenter de contourner la demande. Bras de fer qui se manifeste également par un conflit direct entre Alexandre de Moraes, juge du Tribunal suprême fédéral, et Elon Musk, qui a surnommé ce dernier « Voldemort » – l’ennemi d’Harry Potter dans la saga du même nom.
Pourtant, depuis qu’il a racheté Twitter pour environ 45 milliards d’euros fin 2022, Elon Musk a, à de multiples reprises, accepté de bloquer des comptes sur son réseau social à la demande de tribunaux, voire directement après en avoir reçu l’ordre de gouvernements, sans décision judiciaire. En mars 2023, Twitter a ainsi bloqué 122 comptes, dont certains appartenant à des élus d’opposition et des journalistes indiens, à la demande du gouvernement de Narendra Modi. En février 2024, le réseau social a accepté de bloquer 42 comptes supplémentaires, alors que le pays connaissait un important mouvement de contestation des agriculteurs, tout en annonçant qu’il contesterait la décision devant les tribunaux.
En Turquie en mai 2023, le réseau social avait aussi accepté de bloquer au moins quatre comptes à la demande du gouvernement, en pleine campagne pour l’élection présidentielle. Elon Musk, qui se présente régulièrement comme un défenseur jusqu’au-boutiste de la liberté d’expression, avait alors justifié ces blocages en expliquant avoir dû choisir entre « voir l’accès à tout Twitter ralenti, ou limiter l’accès à quelques tweets ».
Au-delà de ces deux cas très médiatisés, Twitter, devenu entre-temps X, a de manière générale répondu plus favorablement que par le passé aux demandes des gouvernements depuis son rachat par Elon Musk. Une analyse menée par le média indépendant Rest of World notait qu’au cours des six mois qui ont suivi le rachat, le réseau social avait répondu favorablement à 80 % des demandes d’informations ou de suppression émises par des états, contre 50 % sous l’ancienne direction. Il est difficile de mesurer comment la situation a évolué depuis : l’entreprise ne publie plus, comme elle en avait l’habitude, de rapports de transparence détaillant les demandes qui lui sont transmises et le sort qui leur est réservé.
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