La réunion devait être l’occasion de fixer la dizaine de « principes » pouvant servir de base à une coalition avec des alliés jusqu’ici introuvables. Mais l’ébauche de programme écrite la veille dans la douleur, et qui tenait lieu de document de travail, a vite été remisée dans les sacs à main et les serviettes des députés présents ce jour-là. Mercredi 10 juillet en fin de matinée, la réunion des parlementaires Renaissance, qui devait porter sur les engagements programmatiques du groupe, a vite tourné à la guerre de position entre deux camps.
D’un côté, les partisans d’une élection sans délai de leur nouveau président, alors que les autres groupes politiques à l’Assemblée nationale ont désormais presque tous choisi leur dirigeant. De l’autre, ceux qui plaident pour que Renaissance établisse en priorité un projet politique et remette à un second temps le choix de leur représentant. A première vue, la querelle apparaît anecdotique. Mais elle a donné lieu à un affrontement tendu dans la très feutrée salle Colbert du Palais-Bourbon entre le premier ministre, Gabriel Attal, et le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. En creux, les deux rivaux de longue date se disputent la future présidence du groupe.
Tout au long de la réunion, les deux hommes ont exposé leurs arguments en faveur de l’une des deux options. Pour le premier ministre, il est ainsi urgent que Renaissance dispose d’un chef à l’Assemblée nationale, afin de peser dans les discussions sur les coalitions alors que les négociations battent leur plein sur le périmètre de la future majorité. De son côté, le ministre de l’intérieur plaide pour que des prérequis indispensables à tout accord de gouvernement soient établis, remettant l’élection d’un nouveau bureau au mois de septembre.
« Darmanin les a dissous, Attal les a sauvés »
Derrière cette bataille, ce sont deux lignes politiques qui s’affrontent. M. Darmanin regarde à droite, ayant déjà fait part de son souhait d’exclure les écologistes de tout accord gouvernemental. Gabriel Attal, lui, prône toujours « le dépassement », des Républicains jusqu’aux communistes. Mais la querelle masque mal les ambitions personnelles des deux héritiers d’Emmanuel Macron, tous deux persuadés que leur avenir politique à court terme passera par le Palais-Bourbon. Capitalisant sur son crédit accumulé auprès des députés après la campagne, Gabriel Attal aimerait battre le fer tant qu’il est encore chaud. Tout le contraire de Gérald Darmanin, qui ne peut pas rivaliser avec la cote de popularité du premier ministre, lui qui a encouragé le chef de l’Etat à dissoudre l’Assemblée nationale. « Darmanin les a dissous, Attal les a sauvés », résume une cheville ouvrière de Renaissance.
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