Jamais les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) n’ont connu un tel marasme financier. Jamais le contexte politique et budgétaire n’a été aussi peu propice à des mesures de sauvetage. Deux raisons suffisantes pour que dix-huit fédérations et organisations professionnelles du secteur lancent, mardi 24 septembre, un appel au nouveau gouvernement à faire de l’accompagnement du grand âge une « priorité ».
La mobilisation a donné lieu à des débats, manifestations, sit-in de salariés de la filière aux côtés de familles et de résidents ; 40 000 personnes en France, selon les organisateurs, ont relayé dans les rues ou les réseaux sociaux le même mot d’ordre : « les vieux méritent mieux. » « Nous ne voulons plus de concertations, plus de grands débats. On veut provoquer une prise de conscience des politiques pour qu’ils prennent des décisions », s’est enflammé Jean-Pierre Riso, président de la Fnadepa, fédération de 1 600 établissements et services à domicile, cheville ouvrière de l’opération.
Le déficit des Ehpad s’est également invité à l’agenda du Sénat, mercredi 25 septembre, avec la remise d’un rapport qui alerte sur leur situation budgétaire « catastrophique ».
Au terme d’une mission d’information lancée au printemps, le rapport a été coécrit par trois sénatrices, Anne Souyris (Les Ecologistes, Paris), Solanges Nadille (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, Guadeloupe) et Chantal Deseyne (Les Républicains, LR, Eure-et-Loir). Il énonce dix-huit propositions qui visent « à assainir la situation des Ehpad mais aussi à engager une réforme structurelle », a expliqué Mme Deseyne lors de sa présentation à la presse. Le modèle est à bout de souffle et il devient très urgent de le reconstruire », a insisté l’élue d’Eure-et-Loir. « Entre 2020 et 2023, la part des Ehpad déficitaires est passée de 27 % à 66 % », indique le rapport des sénatrices. Pour les seuls Ehpad publics, rattachés à un hôpital, le déficit est aujourd’hui estimé à près de 800 millions d’euros.
« Risques pour la qualité de la prise en charge »
L’« asphyxie » financière résulte de l’inflation, des revalorisations salariales des personnels, mal compensées par l’Etat et les départements – cofinanceurs des Ehpad – et d’une trop faible augmentation des prix de séjour s’agissant des établissements publics et associatifs. Les départements, qui encadrent leurs tarifs, n’ont pas autorisé des augmentations suffisantes pour compenser la hausse des charges. Quant aux Ehpad privés, lucratifs – un quart du parc en France –, ils ne sont pas ou rarement en déficit. Mais leur résultat net a « été pratiquement divisé par deux entre 2017 et 2023 » selon le rapport.
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