La rentrée n’a pas eu lieu chez Spiders. Lundi 2 septembre au matin, à une dizaine de mètres à peine d’un boulevard périphérique parisien bondé, le parvis des bureaux de ce studio français de jeu vidéo, auteur des titres GreedFall et Steelrising, était occupé par plusieurs dizaines de personnes répondant à un appel à la grève. Des salariés y ont dénoncé une dégradation de leurs conditions de travail et des rapports tendus avec leur direction.
Non loin de là, dans le 20e arrondissement de Paris, des travailleurs d’un autre studio français, Kylotonn, ont eux aussi initié un mouvement de grève lundi. Ce débrayage synchronisé est pensé « en soutien à leurs collègues de Spiders », explique le Syndicat des travailleurs et travailleuses du jeu vidéo (STJV) dans un communiqué. L’occasion de déplorer « des problématiques similaires. Entre autres : recrutement, turnover, manque d’informations constant sur le futur de l’entreprise et des productions… ».
Un mouvement de solidarité qui a aussi à voir avec le fait que les studios Spiders et Kylotonn appartiennent à la même entreprise, le français Nacon, filiale de Bigben Interactive. Et alors qu’ils doivent tous deux sortir des productions très attendues — GreedFall II : The Dying World pour Spiders, le 24 septembre, et Test Drive Unlimited Solar Crown pour Kylotonn, le 12 septembre —, leur grève s’inscrit dans un contexte de crise économique mondiale dans le secteur du jeu vidéo.
Une vaste liste de griefs chez Spiders
Depuis leur piquet de grève, où étaient installées deux chaises et une table de camping sur laquelle trônaient des viennoiseries et du café, les grévistes — une quinzaine de salariés au total — de Spiders n’ont pas dit craindre en premier lieu pour leurs emplois, bien que l’industrie ait fortement licencié ces derniers mois (plus de 11 500 emplois à travers le monde en 2024, selon le décompte du site Game Industry Layoffs). Ils regrettent en revanche diverses problématiques internes qui, à terme, menacent selon eux l’équilibre de leur studio et pourraient avoir « une conséquence sur la qualité des jeux », explique au Monde Nicolas. Programmeur et délégué syndical de l’entreprise, il ne souhaite pas, comme les autres employés de Spiders à qui Le Monde a parlé, que son nom soit rendu public.
Le 27 août, une vaste liste de griefs (« instabilité croissante », « désorganisation généralisée », « problèmes de turn-over et de recrutement », « manque criant de transparence », « négation des problèmes »…) avait été détaillée dans une lettre de vingt pages signée, selon le comité d’action regroupant des employés du studio, par 43 des 95 salariés de Spiders, et relayée par le STJV. « Les accusations mensongères voire diffamatoires portées par le STJV ne reflètent en rien la réalité du quotidien de travail des salariés de l’entreprise et constituent une atteinte à la réputation du studio », avait alors réagi la direction dans un communiqué.
Il vous reste 68.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.