Les appels à la désescalade n’y auront rien fait. L’armée israélienne a confirmé, dans la nuit du lundi 30 septembre au mardi 1er octobre, avoir commencé des « raids terrestres localisés » dans le sud du Liban, affirmant cibler le mouvement islamiste Hezbollah.
Le département d’Etat américain avait annoncé lundi soir avoir été informé qu’Israël avait lancé des « opérations terrestres limitées » dans le sud du Liban. Le président américain, Joe Biden, avait pourtant laissé entendre plus tôt mardi qu’il y était opposé et appelé à nouveau à un cessez-le-feu.
Après l’assassinat du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, vendredi dans une frappe israélienne près de Beyrouth, les dirigeants israéliens avaient averti que la bataille n’était pas encore finie contre le mouvement pro-iranien, ennemi d’Israël.
L’armée israélienne mène depuis plusieurs jours des bombardements intenses et meurtriers sur le Liban, qui ont fait plus de 1 000 morts, selon le ministère de la santé libanais. Au moins 95 personnes ont été tuées dans les frappes de lundi d’après la même source. En raison de « l’intensité des combats », l’ONU a annoncé lundi que les casques bleus déployés dans le sud du Liban ne peuvent plus patrouiller.
« Un plan méthodique »
« Conformément à une décision prise à l’échelon politique, l’armée israélienne a entamé il y a quelques heures des raids terrestres limités, localisés et ciblés, fondés sur des renseignements précis, contre des cibles et des infrastructures terroristes du Hezbollah dans le sud du Liban », a déclaré l’armée israélienne sur Telegram vers 1 heure du matin mardi. « Ces cibles sont situées dans des villages près de la frontière et constituent une menace immédiate pour les communautés israéliennes du nord d’Israël », a-t-elle poursuivi, assurant opérer « selon un plan méthodique (…) pour lequel les soldats de la défense civile se sont entraînés et préparés ces derniers mois. »
L’opération reçoit l’appui de l’armée de l’air et de l’artillerie israélienne, selon l’armée. La banlieue sud de Beyrouth ainsi que le sud du Liban ont continué de faire l’objet de bombardements dans la nuit de lundi à mardi. Et le camp de réfugiés palestiniens d’Aïn El-Héloué, près de Saïda, dans le Sud, a été visé par une frappe de drone israélien. Selon un responsable du camp, c’est la maison du fils de Mounir Maqdah, le chef des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, la branche armée du Fatah, qui était visée. Il n’était pas clair dans l’immédiat si Mounir Maqdah se trouvait dans la maison.
L’armée israélienne, dans son communiqué annonçant les opérations terrestres, souligne faire « tout ce qui est nécessaire pour défendre les citoyens d’Israël et ramener les citoyens du nord d’Israël dans leurs foyers ». Après un entretien téléphonique avec le ministre de la défense, Yoav Gallant, son homologue américain, Lloyd Austin, a dit, de son côté être convaincu de la « nécessité de démanteler les infrastructures d’attaque » du Hezbollah.
Frappes israéliennes à Damas
Le parti milice libanais n’a pas encore réagi à l’annonce de l’opération israélienne. Plus tôt lundi, dans une première allocution télévisée depuis la mort de Hassan Nasrallah, le chef adjoint du groupe, Naim Qassem, avait déclaré que les combattants du Hezbollah étaient « prêts si Israël décidait d’entrer au sol ». L’Etat hébreu « n’a pas été en mesure d’entamer nos capacités militaires », avait-il encore assuré, en affirmant que son parti poursuivrait sa lutte « en soutien à Gaza ».
Au lendemain de l’attaque du 7-Octobre mené par le Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre l’Etat hébreu en soutien à son allié.
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Selon des médias d’Etat syriens, des frappes israéliennes ont par ailleurs visé la région de Damas dans la nuit. L’agence de presse officielle Sana a fait état de trois civils tués et de neuf autres blessés dans ces raids. Une journaliste, Safaa Ahmad, figure parmi les morts, selon la télévision syrienne d’Etat. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, avait promis plus tôt lundi de combattre ses « ennemis » et de les « éliminer » partout où ils se trouvent. Il n’y a « pas d’endroit au Moyen-Orient qu’Israël ne puisse atteindre », a-t-il averti.
Les dirigeants mondiaux avaient pourtant appelé lundi à la désescalade face au risque de « guerre totale » dans la région. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dit son opposition à toute « invasion terrestre » israélienne du Liban. Présent à Beyrouth, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, avait également appelé Israël à « s’abstenir de toute incursion terrestre » ainsi qu’à un cessez-le-feu. Toute nouvelle intervention militaire israélienne au Liban « doit être évitée », avait également lancé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Plusieurs pays, dont le Canada et le Royaume-Uni, ont annoncé avoir affrété des vols pour évacuer leurs ressortissants du Liban. La France a déployé un navire militaire par « précaution », en cas de besoin d’évacuation des ressortissants français.
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