Invité du 20H de TF1 cette semaine, Bruno Retailleau a assuré que les accords de l’Italie avec la Tunisie et l’Égypte avaient permis au pays de Giorgia Meloni de diminuer de deux tiers l’immigration irrégulière.
Des accords jugés statistiquement efficaces, mais qui en pratique, ne respectent pas toujours les droits humains.
D’autant plus que les routes migratoires se déplacent désormais vers d’autres pays.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

Le nouveau gouvernement veut faire de la lutte contre les flux migratoires une priorité . Invité au 20H de TF1 en début de semaine, le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a pris la politique italienne comme exemple. « Pourquoi est-ce que l’Italie actuellement a jugulé près des deux tiers de ses flux, notamment en matière d’immigration irrégulière ? Parce qu’il y a eu des accords avec la Tunisie, avec l’Égypte », a martelé l’ancien sénateur LR. 

Des accords avec les pays de départ sont-ils efficaces ? Selon le gouvernement italien , 46.991 entrées irrégulières ont été enregistrées depuis janvier contre 132.907 lors de la même période en 2023, comme l’expliquaient déjà les Vérificateurs de TF1-LCI dans cet article . S’il s’agit en effet d’une baisse de presque deux tiers, il faut rappeler que durant l’année 2023, 380.000 entrées irrégulières avaient été enregistrées en Europe, du jamais vu depuis sept ans.

Le respect des droits humains en cause

Pour lutter contre ces flux migratoires, un accord principal a été scellé avec la Tunisie, à qui l’Italie verse plus de 100 millions d’euros. Sous l’impulsion de Giorgia Meloni, l’Union européenne a également conclu un accord avec Tunis prévoyant des aides financières, à hauteur de 105 millions d’euros, en échange d’efforts visant à réduire les départs de migrants. Si la méthode est statistiquement jugée efficace, ces accords ne respectent pas toujours les droits humains, rappelle la journaliste Samira El Gadir dans la vidéo en tête de cet article. 

The Guardian a ainsi révélé, le 19 septembre, les violences commis par des garde-côtes tunisiens et libyens. Selon la fondatrice d’une association de santé à Sfax (Tunisie) contactée dans le cadre de cette enquête, des centaines de femmes migrantes ont été violées par les forces de sécurité tunisiennes au cours des 18 derniers mois. Toujours selon le média britannique, ces garde-côtes battent et abandonnent régulièrement les femmes et les enfants dans le désert. En outre, alors que l’accord prévoit de lutter contre les passeurs, l’enquête indique que les forces de sécurité collaborent aussi avec ces derniers. 

Autre obstacle à l’efficacité de cette méthode : les routes migratoires se déplacent. Si les arrivées diminuent via l’Italie et la Tunisie, les migrants passent désormais par l’Espagne ou la Grèce pour atteindre l’Europe. Par ailleurs, Bruno Retailleau ne précise pas que l’Italie a, dans le même temps, régularisé 450.000 travailleurs étrangers. Une option qui, elle, « n’est pas à l’ordre du jour » en France, a indiqué le gouvernement. 

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Samira EL GADIR

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