SHADI AL-TABATIBI / AFP
Gaza : où en est la situation après la frappe meurtrière sur un hôpital (Photo du parking de l’hôpital où la frappe s’est abattue à Gaza le 17 octobre 2023)
INTERNATIONAL – Les retombées de l’horreur, encore. Un tir mardi 17 octobre au soir sur l’enceinte de l’hôpital Ahli Arab de la ville de Gaza, a créé un choc international en pleine guerre entre Tel-Aviv et la Bande de Gaza, amorcée le 7 octobre par les attaques meurtrières menées en Israël par le Hamas.
Depuis, Gaza est pilonnée par les frappes israéliennes et de nombreux pays appellent à un cessez-le-feu pour épargner les vies civiles palestiniennes. Au moins 3 478 personnes ont été tuées, en majorité des civils palestiniens, selon les autorités locales, qui ne précisent pas si ce bilan prend aussi en compte celui des victimes de l’hôpital Ahli Arab de Gaza.

Un grand flou entoure toujours la frappe meurtrière sur l’hôpital dont Israël et les Palestiniens se rejettent la responsabilité. Bilan, aide humanitaire… Voici où en est la situation deux jours après la tragédie.
471 décès dans la frappe de l’hôpital selon le Hamas
Le tir ayant touché l’enceinte de l’hôpital, dans le centre-ville de Gaza, au nord du territoire palestinien a provoqué la mort de 471 personnes selon le Hamas.
Le tir meurtrier a fait « quelques dizaines de morts, probablement entre 10 et 50 », a pour sa part affirmé à l’AFP mercredi un responsable d’un service de renseignement européen sous couvert d’anonymat. Cette source citée par l’AFP a une version différente de l’histoire puisqu’elle évoque le fait que la frappe a atterri sur le parking de l’hôpital. Elle assure qu’« aucun élément ne corrobore » la présence de centaines de personnes à cet endroit-là.

L’imagerie satellitaire du complexe hospitalier avant et après le tir, publiée mercredi par la société Maxar Technologies, « révèle une probable zone d’impact sur le parking principal », mais sans « aucun dommage structurel significatif » sur les bâtiments adjacents.

– / AFP
L’imagerie satellitaire du complexe hospitalier avant et après le tir, publiée mercredi par la société Maxar Technologies, « révèle une probable zone d’impact sur le parking principal », mais sans « aucun dommage structurel significatif » sur les bâtiments adjacents.
Pourtant, des images circulant sur les réseaux sociaux vérifiées par l’AFP montrent des décombres en feu à l’extérieur de l’hôpital, sur fond sonore de sirènes d’ambulances. Les photos et vidéos de l’AFP montrent des dizaines de corps dans des draps, des sacs mortuaires noirs ou sous des couvertures. De nombreuses voitures calcinées sont visibles sur le parking de l’hôpital.
À côté du parking, une pelouse est jonchée de vêtements et d’effets personnels, semblant indiquer que des personnes y campaient. D’après les autorités de Gaza, le site abritait des centaines de blessés et malades, et des civils venus s’y réfugier.

« Nous étions en train d’opérer, il y a eu une forte explosion et le plafond est tombé sur la salle d’opération. C’est un massacre », a déclaré le Dr Ghassan Abu Sittah, de l’ONG Médecins sans frontières.
Israël et Gaza se renvoient la balle
Le président américain Joe Biden a mis mercredi Israël hors de cause, après la frappe meurtrière contre un hôpital à Gaza qui a soulevé un vent de révolte au Moyen-Orient.
Venu en personne soutenir Israël, frappé par l’attaque sanglante lancée le 7 octobre par le Hamas palestinien, Joe Biden a repris à son compte la version donnée par l’armée israélienne sur cette frappe, qui accuse le Jihad islamique, une autre organisation palestinienne. « Sur la base des informations que nous avons eues jusqu’à maintenant, il semble que (la frappe) soit le résultat d’une roquette hors de contrôle tirée par un groupe terroriste à Gaza », a déclaré Joe Biden, qui assure avoir des éléments probants venant du Pentagone.

Le Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, a accusé Israël d’être l’auteur de cette frappe, tout comme l’Iran et de nombreux pays arabes, où des milliers de manifestants sont descendus, dans la rue pour dénoncer les « crimes sionistes ». Selon le Jihad islamique, un groupe allié du Hamas, classé comme lui organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, c’est une bombe larguée par un avion de l’armée israélienne qui a causé la tragédie.
Israël a affirmé de son côté mercredi avoir des « preuves » de la responsabilité du Jihad islamique dans la frappe sur l’hôpital. « Les preuves, que nous partageons avec vous tous, confirment que l’explosion dans un hôpital de Gaza a été causée par le tir d’une roquette du Jihad islamique ayant échoué », a déclaré le porte-parole de l’armée Daniel Hagari.
Feu vert d’Israël pour la venue de l’aide humanitaire, sous conditions
Joe Biden a annoncé avoir obtenu de son allié un feu vert pour l’aide humanitaire à Gaza. S’exprimant devant la presse, le président américain a également indiqué qu’Israël avait donné son feu vert à l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, répondant ainsi à la demande des autorités américaines et de la communauté internationale.

« Israël n’empêchera pas l’aide humanitaire depuis l’Égypte tant qu’il s’agit de nourriture, d’eau et de médicaments pour la population civile dans le sud de la bande de Gaza », a confirmé ensuite un communiqué du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Israël a toutefois mis une condition. Cette aide ne transitera pas par son territoire, tant que les otages détenus par le Hamas palestinien ne seront pas libérés. Le mouvement palestinien affirme détenir entre 200 et 250 otages, au moins 199, selon Israël. Leur libération est d’une « absolue priorité », a affirmé le président américain.
L’Égypte accepte le passage des camions humanitaires
Des dizaines de camions remplis d’aide internationale attendent en Égypte depuis des jours de rentrer à Gaza au point de passage de Rafah, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël, mais qui était toujours fermé mercredi soir.

Joe Biden a affirmé que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, avec lequel il venait de s’entretenir, avait « accepté » de « laisser jusqu’à 20 camions traverser » mais que cette aide ne pourrait vraisemblablement pas arriver avant vendredi en raison de travaux à faire sur la route, détruite par les bombardements israéliens.
Dans la foulée, l’Égypte a annoncé jeudi le passage « durable » de l’aide humanitaire par Rafah. Cette aide devra être « conséquente », de l’ordre de 100 camions par jour, et devra être sécurisée, a affirmé mercredi Martin Griffiths, le chef des situations humanitaires d’urgence aux Nations unies.
Sunak se rend en Israël, manifestations devant plusieurs ambassades
Joe Biden a assuré qu’il travaillerait avec Israël pour éviter « davantage de tragédie » aux civils, au douzième jour de la guerre, et alors que la situation dans la bande de Gaza est « incontrôlable », selon l’Organisation mondiale de la santé. Les États-Unis ont mis leur veto mercredi à une résolution du Conseil de sécurité qui appelait à une « pause humanitaire », Washington fustigeant un texte qui ne mentionnait pas le « droit d’Israël à se défendre ».

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé qu’il se rendrait jeudi en Israël et dans plusieurs autres capitales dans la région pour insister sur le déblocage de l’aide humanitaire et appeler à éviter une escalade de la guerre.
Des milliers de personnes ont manifesté mercredi en soutien aux Palestiniens au Caire, près de l’ambassade d’Israël à Amman, et à Tunis devant l’ambassade de France, l’un des pays accusés d’être des « alliés des sionistes » dans cette guerre.
Des Palestiniens ont aussi manifesté en Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, aux cris de « Libérez, libérez la Palestine ».

La tension est forte aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, ainsi qu’en Cisjordanie où au moins 61 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre, selon les autorités locales.
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