L’armée israélienne « est déployée dans le sud de la Syrie et est prête à empêcher l’entrée de forces hostiles dans la zone des villages druzes », a-t-elle signalé dans un communiqué, samedi 3 mai, sans plus de précisions sur le nombre de troupes ni l’étendue de ce déploiement. L’armée ajoute que dans la nuit de vendredi à samedi, « cinq citoyens druzes syriens ont été évacués pour recevoir des soins médicaux en Israël (…) après avoir été blessés en territoire syrien ».
Selon un responsable druze local dans la province de Soueïda, « il n’y a eu aucun déploiement de soldats israéliens » dans cette zone, bastion de la minorité druze dans le sud de la Syrie. « Leur présence serait limitée à la province de Quneitra, où ils ont établi des positions après la chute du régime Al-Assad » en décembre2024 , a-t-il dit à l’Agence France-Presse (AFP).
Cette annonce survient après qu’Israël a frappé des sites militaires en Syrie dans la nuit de vendredi à samedi, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Plus de vingt frappes israéliennes ont visé des entrepôts et des sites militaires à Deraa, près de Damas et dans les régions de Hama et de Lattaquié », selon l’OSDH, qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays en guerre.
SANA, l’agence officielle syrienne, a précisé qu’« un civil a[vait] été tué dans les frappes de l’aviation israélienne aux abords de Harasta, près de Damas ». Des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) présents dans la capitale syrienne ont entendu le vrombissement des avions et plusieurs détonations.
« Dangereuse escalade »
Depuis la chute du président Bachar Al-Assad en décembre 2024, Israël, qui considère avec méfiance les nouvelles autorités syriennes, a mené des centaines d’attaques contre des sites militaires en Syrie, affirmant vouloir empêcher que des armes tombent entre les mains des nouvelles autorités qu’il qualifie de « djihadistes ». Israël a également envoyé des troupes dans une zone démilitarisée du plateau du Golan.
Vendredi à l’aube, Israël avait annoncé avoir effectué des bombardements près du palais présidentiel d’Ahmed Al-Charaa, en guise d’avertissement contre toute atteinte à la minorité druze de Syrie. Ce que la présidence syrienne a qualifié de « dangereuse escalade » a été également condamné par le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres.
En début de semaine, des violences confessionnelles entre des groupes armés liés au pouvoir syrien et des combattants druzes ont fait plus de cent morts près de Damas et dans le Sud, voisin d’Israël, selon l’OSDH.
« C’est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces [syriennes] soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze », ont affirmé le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ministre de la défense, Israel Katz.
Samedi, dans un communiqué, Geir Pedersen, l’envoyé spéciale des Nations unies pour la Syrie, a demandé « que ces attaques cessent immédiatement et qu’Israël cesse de mettre en danger les civils syriens et respecte le droit international ainsi que la souveraineté, l’unité, l’intégrité territoriale et l’indépendance de la Syrie ». Le Qatar, l’Arabie saoudite et l’Allemagne avaient également dénoncé les frappes israéliennes sur le pays.
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Israël avait menacé d’agir « avec force » si Damas ne protégeait pas les Druzes sur son territoire. Depuis l’arrivée au pouvoir en Syrie, le 8 décembre, d’une coalition menée par des islamistes sunnites, Israël a pris fait et cause pour cette communauté ésotérique, issue d’une branche de l’islam chiite, également implantée en Israël et au Liban.
L’OSDH a également fait état vendredi de quatre combattants druzes tués dans la journée dans une frappe de drone dans la province de Souweïda, bastion de la minorité druze dans le Sud, sans en préciser l’origine.
« Campagne génocidaire »
Lundi et mardi, des violences à Jaramana (quartier de Damas avec une importante communauté druze), à Sahnaya (à 15 kilomètres de la capitale, où vivent des Druzes et des chrétiens), et à Souweïda ont fait 102 morts dans les deux camps, selon l’OSDH. Ces combats ont été déclenchés par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir à Jaramana, après la diffusion d’un message audio attribué à un Druze et jugé blasphématoire à l’égard du prophète Mahomet. L’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité du message.
Jeudi soir, le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat Al-Hijri, avait dénoncé une « campagne génocidaire » visant des « civils » de sa communauté. Les autorités syriennes, qui ont depuis réaffirmé leur « engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze », ont mis en cause des éléments échappant à son contrôle.
Ces combats ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait, au début de mars, plus de 1 700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, dont est issu le président déchu, dans l’ouest du pays.