En moins d’une heure, lors d’une conférence de presse tenue lundi soir 2 septembre, à Jérusalem, Benyamin Nétanyahou est parvenu à anéantir les derniers espoirs qui restaient aux familles d’otages retenus à Gaza. Ces espoirs évanouis sont ceux de voir le premier ministre israélien donner un signal, même faible, indiquant qu’une solution négociée avec le Hamas pour le sort des captifs demeure envisageable.
Depuis l’annonce, dimanche, de la mort de six d’entre eux aux mains de leurs geôliers, une vaste mobilisation s’est allumée en Israël, alimentée par la douleur des familles et l’intransigeance du pouvoir, qui retarde les négociations en vue d’un « deal » destiné à échanger les 101 otages morts ou vivants restant à Gaza contre un certain nombre de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Confronté à la pression de la rue en Israël, à celles de ses propres responsables militaires et de ses alliés occidentaux, au premier rang desquels les Etats-Unis, qui tous l’exhortent à procéder à une avancée, Benyamin Nétanyahou ne semble pas vouloir plier.
Certes, le premier ministre a affirmé la nécessité pour le pays « d’être uni » en ces circonstances, et présenté ses excuses aux familles pour n’avoir « pas fait assez » afin de sauver les leurs. C’est une première. Cela ne réduira ni leur peine, ni leur colère, pas plus que cela n’entamera l’inquiétude de ceux qui redoutent de voir les annonces de morts d’otages s’enchaîner au fil des opérations militaires dans les zones de Gaza où ils sont détenus, notamment au sud de l’enclave. Pour enlever tout doute à ce sujet, le Hamas a déclaré lundi que de « nouvelles instructions avaient été données » aux gardiens des otages. « L’acharnement de Nétanyahou à libérer les prisonniers [les otages] par la pression militaire au lieu de conclure un accord signifie qu’ils retourneront dans leurs familles dans des cercueils », a déclaré dans un communiqué Abou Obeida, le porte-parole de la branche armée du mouvement palestinien, les brigades Ezzedine Al-Qassam.
Blocage sur le corridor de Philadelphie
Le processus de négociations en vue d’un accord qui ouvrirait la porte à une cessation des hostilités est porté depuis des semaines par trois pays médiateurs, les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar. Parmi les points d’achoppement entre Israël et le Hamas, il en est un, particulièrement saillant : celui du corridor de Philadelphie, cette bande qui court le long des 14 kilomètres de frontière commune entre la bande de Gaza et l’Egypte. L’armée israélienne en a pris le contrôle fin mai, contre tous les avis, notamment ceux de l’Egypte et des Etats-Unis, pour qui ce maintien constituait une potentielle ligne rouge. Le Hamas, désormais, refuse de s’engager dans des négociations si l’armée israélienne demeure basée le long du corridor.
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