Les Israéliens sont appelés lundi 2 septembre à « une grève générale » afin de contraindre le gouvernement à conclure un accord pour faire libérer les otages retenus à Gaza, après la découverte par l’armée de six otages morts dans un tunnel.
A partir de 6 heures lundi (5 heures en France), « toute l’économie israélienne sera en grève générale », a lancé dimanche le chef de la puissante centrale syndicale israélienne, Arnon Bar-David, car « nous devons faire cesser cet abandon des otages ». « A 8 heures, l’aéroport sera fermé, les décollages et les atterrissages cesseront », a précisé la Histadrout dans un communiqué.
Dimanche, des dizaines de milliers d’Israéliens ont manifesté dans plusieurs villes pour réclamer un accord sur la libération des otages. A Tel-Aviv, des protestataires ont bloqué une autoroute.
Cette mobilisation intervient après l’annonce dimanche 1ᵉʳ septembre par l’armée israélienne de la découverte des corps de six otages dans la bande de Gaza, théâtre d’une guerre dévastatrice opposant depuis bientôt onze mois Israël au mouvement islamiste palestinien du Hamas.
« Les corps des otages Carmel Gat, Eden Yerushalmi, Hersh Goldberg-Polin, Alexander Lobanov, Almog Sarusi et Ori Danino » ont été retrouvés samedi dans un « tunnel dans la zone de Rafah », dans le sud de la bande de Gaza, a indiqué l’armée, suscitant stupeur et colère en Israël.
Le président américain Joe Biden s’est dit « dévasté » et « indigné », tandis que son homologue français Emmanuel Macron a fait part de sa « stupeur » et demandé « l’arrêt de la guerre ».
Des otages tués « à bout portant » selon Israël, par des « bombardements » israéliens selon le Hamas
Au moins quatre otages ont été enterrés dimanche, en présence de proches endeuillés.
« Tu as été abandonné, chaque jour, chaque heure, 331 jours (…) tu as été sacrifié pour “détruire le Hamas” », a déploré Nira Seroussi dans son éloge funéraire à son fils, Almog. Elle faisait référence aux déclarations répétées du premier ministre, Benjamin Nétanyahou, qui a juré de poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, organisation considérée comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne. Sous pression croissante pour conclure un accord sur les otages après des mois de blocage, M. Nétanyahou a menacé dimanche le Hamas de lui « régler son compte ».
Selon le ministère israélien de la santé, l’autopsie réalisée sur les corps des six otages révèle qu’ils ont été tués « à bout portant » « entre jeudi et vendredi matin ». Mais selon un cadre du Hamas, s’exprimant sous couvert d’anonymat, ils ont été « tués par des tirs et des bombardements de l’occupant » israélien, certains faisant partie « de la liste des otages à libérer que le Hamas avait approuvée ».
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Lors de l’attaque sans précédent du Hamas en Israël qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre, 251 personnes ont été enlevées : 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l’armée. Cette attaque a entraîné côté israélien la mort de 1 205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP d’après des données officielles.
Vaccination contre la polio à Gaza
Les représailles israéliennes auraient fait au moins 40 738 morts à Gaza – un chiffre non vérifiable de façon indépendante, rapporté par le ministère de la santé du Hamas. La guerre a aussi provoqué un désastre humanitaire et sanitaire et le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants. Selon l’ONU, la majorité des morts sont des femmes et des mineurs.
Dimanche, le centre du territoire palestinien assiégé a connu quelques heures de répit, une vaste campagne antipolio ayant été officiellement lancée à la faveur de « pauses humanitaires » de trois jours chacune, de 6 heures à 14 heures. L’objectif est de vacciner plus de 640 000 enfants de moins de dix ans, après un premier cas confirmé de cette maladie dans le territoire palestinien depuis 25 ans. Selon ministère de la santé à Gaza, 72 611 enfants ont été vaccinés au premier jour de la campagne antipolio.
Israël poursuit également son opération militaire lancée mercredi en Cisjordanie, territoire palestinien séparé de la bande de Gaza et occupé par Israël depuis 1967. De fortes explosions ont été entendues dimanche près du camp de réfugiés de Jénine, d’où s’élevait un épais nuage de fumée.
Au moins vingt-quatre Palestiniens, principalement des « terroristes » selon l’armée, ont été tués par les troupes israéliennes en Cisjordanie depuis mercredi, selon le ministère de la santé de l’Autorité palestinienne.
Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, et le Jihad islamique, autre groupe armé, ont déclaré qu’au moins quatorze des morts combattaient dans leurs rangs.
Dans le sud de la Cisjordanie, trois policiers israéliens, dont une femme, ont été tués dimanche près d’un checkpoint dans une « attaque armée », selon la police israélienne. Un Palestinien soupçonné d’en être l’auteur a été abattu par l’armée, a-t-elle indiqué.