- Les arnaques se multiplient, avec quatre millions de Français touchés en 2024.
- L’une d’elles, l’escroquerie à la vente de commerce, a visé des boulangers du Maine-et-Loire.
- Une équipe de TF1 a recueilli leurs témoignages.
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Le 20H
À Segré-en-Anjou-Bleu (Maine-et-Loire), Tony Jolly, ancien gérant d’une boulangerie, est désemparé devant les vitrines vides de son commerce. « Je l’ai tenu pendant 25 ans et je l’ai vendu au mois de mai à un escroc »,
dit-il dans le reportage du 20H de TF1 visible ci-dessus. Il devait vendre sa boulangerie pour 80.000 euros. Malheureusement, lors de l’achat, Tony était pressé. Il n’a pas attendu d’avoir les fonds de l’acheteur pour signer. « On devait avoir un chèque d’acompte de 20.000 euros qu’on n’a jamais eu, un chèque sans provision. On a donné notre commerce après 25 ans de travail acharné »,
dénonce-t-il.
Les locaux ont été vidés de tous les meubles et des fours professionnels, Tony n’a rien récupéré de la vente. Il va porter plainte. « Ce qui m’embête le plus, c’est que les salariés se soient retrouvés dans une situation désagréable, ils n’ont pas été payés. Et le propriétaire qui n’a pas été payé de son loyer depuis le mois de mai, donc ça, c’est un peu triste. Je me sens un peu coupable de ça »
, affirme-t-il.
Il voulait absolument prendre possession des lieux, mais il n’y avait pas de garantie bancaire.
Il voulait absolument prendre possession des lieux, mais il n’y avait pas de garantie bancaire.
Thierry Barré, gérant de la boulangerie-pâtisserie « Ronde des pains »
Dans ce département, l’artisan n’est pas le seul à avoir été abusé. À Angers, la boulangerie-pâtisserie de Thierry Barré a bien failli être vendue à ce même acheteur. Mais le gérant s’est retiré de la vente au dernier moment. « Il voulait absolument prendre possession des lieux, mais il n’y avait pas de garantie bancaire. Donc moi, j’ai refusé toute signature sans chèque de banque vérifié par mon banquier »,
explique-t-il.
Toutefois, cette escroquerie, évitée de justesse, lui a fait perdre 10.000 euros de chiffre d’affaires, car il a renoncé à des contrats en attendant la vente. « On a annulé un mariage le 10 août. Avec les frais de déplacement, il y en avait pour 2.130 euros. On a annulé un mariage au mois de juin. Ce qui fait qu’en trésorerie, on est compliqué en ce moment parce qu’on a perdu ça »,
déplore-t-il.
Malgré tout, les salariés de Thierry sont soulagés. « Moi, j’ai un crédit d’immobilier à payer, j’ai tout à côté. Ok, j’ai mes enfants, mais j’aurais été dans une panade terrible »,
souligne Martine Mosset. Les journalistes de TF1 ont cherché à contacter l’acheteur, qui n’est plus joignable sur son numéro de téléphone. Il détenait aussi un restaurant, aujourd’hui fermé.
Ces cas d’escroquerie à la vente de commerce ne sont pas isolés. Me Youssra Marzouq, avocate, en suit de plus en plus. Elle donne quelques recommandations pour éviter pareilles situations. « Il faut absolument vérifier la solvabilité de l’acheteur. Regarder si l’acheteur est endetté. Ensuite, le mode de paiement doit être sécurisé. Soit, on fait en sorte de recevoir le virement quelques jours avant la cession, comme ça on est sûr d’avoir reçu les fonds. Soit, on procède par chèque de banque »
, égrène-t-elle. L’escroquerie est un délit passible de 5 ans d’emprisonnement et de 375.000 euros d’amende.









