Un dernier tour de folie et une dernière ligne droite irréelle, courus dans une atmosphère assourdissante grâce au public du Stade de France. Samedi 31 août, dans l’enceinte sportive de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Antoine Praud a remonté un à un ses concurrents pour arracher la troisième place du 1 500 m, catégorie T46 (personnes avec une déficience musculaire aux membres supérieurs). Au deuxième jour des épreuves d’athlétisme des Jeux paralympiques 2024, le Breton de 20 ans a ainsi apporté la première médaille à l’équipe de France.
« [C’était] une course de malade. Mieux que dans mes rêves. Le deuxième n’est vraiment pas loin, explique-t-il. Quand je vois que ça part super vite, je me suis dit qu’il fallait serrer les dents. Mes adversaires craquent dans le dernier tour, moi non. » « Avec ce public, je ne pouvais pas craquer, ajoute Antoine Praud. C’est lui qui m’a donné la force dans le dernier cent mètres d’aller chercher cette troisième place. J’avais les oreilles qui bourdonnaient dans la dernière ligne droite. »
Jusqu’alors, cet élève ingénieur n’avait jamais couru devant une affluence aussi importante : « Environ 4 000 personnes » lors du meeting international handisport de Paris, en juin, « peut-être un peu plus » lors des Mondiaux 2023, à Paris également, se souvient-il. La veille, son coéquipier Valentin Bertrand l’avait prévenu après avoir disputé son 100 m. « Il m’a dit : “Tu vas voir le bruit de ouf quand tu vas entrer sur la piste.” Je me suis fait plaisir à haranguer la foule pour prendre cette énergie positive », a-t-il expliqué.
Record personnel amélioré de quatre secondes
Présente dans la foule, l’athlète olympique Léna Kandissounon (800 m) admire celui avec lequel elle partage les entraînements au Haute Bretagne Athlétisme, un club basé en Ille-et-Vilaine : « C’est sa plus belle course au niveau tactique. Il a vraiment utilisé le public pour ses derniers 300 mètres. Il a réussi la course de sa vie au bon moment. »
Comme la sprinteuse Marie Ngoussou, benjamine de la délégation française à 15 ans, le demi-fondeur a été tiré par le bras lors d’une naissance difficile. Il est atteint depuis d’une paralysie du plexus brachial droit qui lui provoque des déséquilibres lorsqu’il court, notamment un balancement du bras de droite à gauche et un blocage à l’accélération.
Pour s’offrir cette médaille de bronze, le coureur a amélioré de quatre secondes son record personnel, en 3 min 51 s 37, terminant derrière l’Australien Michael Roeger et le Russe (courant sous bannière neutre) Aleksandr Iaremchuk. En un an, il a abaissé son record de plus de dix secondes, passant de 4 min 03 s 90 à 3 min 55 s 39 à la fin de mai.
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